Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs d'école et Pegc
Fédération Syndicale Unitaire
Section de La Seyne - Var

Actualités - Octobre 2007


FSU Var

Débattre, agir, tous Ensemble !

 

Grève - Jeudi 18 Octobre 2007
Emploi, Salaires, Sécu, Retraites, Services Publics
Manifestation - 8000 à Toulon

JEUDI 18 OCTOBRE

TOUS EN GRÈVE !

TOUS A LA MANIF !

Appel du SNUipp-FSU du VAR

La FSU considère la journée d’action du 18 octobre comme une première étape de mobilisation qu’elle estime nécessaire d’élargir.

Elle appelle les personnels à s’y engager et à participer aux initiatives décidées au plan départemental. Un préavis de grève a été déposé par la FSU nationale.

Dans le Var, une réunion intersyndicale des UD FSU / CGT / FO / Solidaires / UNSA / CFDT, le lundi 8 octobre, a donné un cadre interprofessionnel à la journée d’action du 18 octobre :

        POUR

        • les retraites,
        • le pouvoir d’achat,
        • les salaires,
        • l’emploi,
        • la protection sociale,
        • les services publics,
        • les droits sociaux.

Le SNUipp-FSU Var appelle tous les collègues à la

GRÈVE
et à participer massivement à la

MANIFESTATION

départementale unitaire interprofessionnelle le

JEUDI 18 OCTOBRE

à 10 h Place de la Liberté à Toulon,

à 10 h 30, sous-Préfecture à Draguignan

 

LES RAISONS DE LA COLERE

Les annonces du Gouvernement confirment la volonté de destruction du modèle social français. Elles renvoient l’emploi, la solidarité, l’augmentation du pouvoir d’achat, les retraites, la protection sociale et la santé à la responsabilité individuelle des salariés et à leur seul travail. L’allongement de la durée de cotisations a pour objectif la baisse des pensions. Cela renforce le recours à l’épargne individuelle et au patrimoine pour ceux qui en ont les moyens. Elle entraînera une évolution vers plus d’inégalités et moins de solidarités.

La Fonction Publique et les Services Publics sont considérés exclusivement comme des coûts faisant fi des richesses qu’ils créent. Les 22700 suppressions de postes au budget 2008 mettent en péril les missions mêmes des services publics dans certains secteurs et les fonctionnaires sont menacés d’une nouvelle perte de pouvoir d’achat de l’ordre de 1,5% qui s’ajoute aux 6% de perte depuis 2000.

Les projets du gouvernement dynamiteraient les principes fondateurs de la Fonction Publique (concours, statut, carrière).

Les milliers de suppressions de postes annoncées dans l’Éducation en 2008 mettent gravement en danger l’offre d’éducation, la capacité d’assurer la réussite de tous et la lutte contre les inégalités. Elles accentueront la dégradation des conditions d’accueil des élèves et les conditions de travail des enseignants et des personnels.

La politique scolaire du gouvernement tend à réduire les horaires offerts aux élèves, l’offre diversifiée de formations et la qualité du service public. Elle renvoie sur les individus, personnels ou élèves, la responsabilité des échecs en développant la concurrence, de la maternelle à l’université.

Ne les laissons pas faire !

Pour le rattrapage des pertes de pouvoir d’achat et l’ouverture immédiate de négociations salariales.

1% d’augmentation des salaires = 9 milliards d’€uros pour la Sécu

Pour un emploi public statutaire basé sur les besoins réels en matière de services publics.

100 000 emplois créés = 9 milliards d’€uros de cotisations pour la Sécu

Pour la défense et le développement des Services Publics

Pour préserver et améliorer le statut de la fonction publique et l’indépendance des personnels ; pour la défense de nos retraites et du code des pensions.

Pour une École ambitieuse, de qualité et de proximité répondant encore mieux aux besoins de toute la population.

Pour une Sécurité sociale pour tous et contre les franchises médicales

Coût des exonérations de cotisations patronales : 23 milliards d’€uros

La revanche contre la Résistance

Figure importante du patronat, Denis Kessler salue la politique de Sarkozy, qui vise à « sortir de 1945 et à défaire méthodiquement le programme du Conseil nationale de la Résistance ». Ancien vice-président du MEDEF, Denis Kessler hante toujours l’aristocratie du monde des affaires et de la politique. Aussi l’éditorial qu’il a signé dans les colonnes du magazine Challenges (lire ci-dessous) sous le titre « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde » ne saurait, en dépit de son apparence, être lu comme les divagations d’un extrémiste entraîné par l’exaltation, et n’exprimant que sa propre haine de la Résistance. Cette voix autorisée du grand patronat analyse avec franchise le sens de la politique de Nicolas Sarkozy. Kessler n’y va pas par quatre chemins : le modèle social français( lire ci-dessous le texte intégral) est le résultat de la Libération. « Il s’agit aujourd’hui, écrit-il, de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Jamais pareil aveu n’a été formulé, même si tout au long de sa campagne électorale, le candidat de l’UMP n’avait eu de cesse de fustiger le modèle social français, de chanter les vertus de l’effort individuel s’opposant à la solidarité, de suspecter les chômeurs et les pauvres d’abuser de la générosité publique. Nicolas Sarkozy avait jeté aux gémonies le mouvement de Mai 68. En 2002, François Fillon avait accusé le Front populaire d’être responsable de la défaite militaire de 1940. Mais la Résistance avait été jusqu’alors épargnée dans les discours. Il est difficile en effet d’honorer Guy Môquet et d’attaquer le programme du CNR. Certes, l’article de Challenges n’est pas signé par un membre du gouvernement, mais il traduit, au moins, les attentes du MEDEF à l’égard d’un président qui, jusqu’à présent, ne l’a jamais déçu.

Pour le medef, tout doit disparaître

L’ensemble des réformes économiques et sociales mises en place au moment où la France venait de se libérer de l’occupation nazie et du régime fasciste de Vichy ont été rendues possibles grâce à « un pacte politique entre les gaullistes et les communistes », explique Kessler. Pacte qu’une partie de la droite et de la bourgeoise française n’ont visiblement jamais accepté, et que les conditions politiques d’aujourd’hui permettent d’abolir. Telle est succinctement résumée l’analyse de l’éditorial de Challenges, qui doit conduire le gouvernement à forcer le pas pour « défaire » le système de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, ce qui demeure du secteur public, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraites…. Tout doit disparaître. La présentation du CNR est fausse, parce que terriblement réductrice. S’il est vrai que les communistes ont joué un rôle déterminant dans la Résistance et dans la construction de son programme politique, le CNR ne se résumait pas en un face-à face entre le PCF et les gaullistes, mais rassemblait l’ensemble des mouvements de résistance armée, la plupart des partis politiques, les syndicats (CGT et CFTC, alors seules existantes).

L’affaiblissement du Parti communiste et le bradage de l’héritage gaulliste par l’UMP sont des opportunités à saisir pour réaliser un « aggiornamento » idéologique : Une droite et une gauche d’accord sur les fondamentaux du capitalisme financier. Mais la partie n’est pas gagnée, car, déplore l’éditorialiste, « le pays sanctifie ses institutions ». Le peuple est attaché à la République et à la démocratie reconquises sur la barbarie nazie. Cela semble être un problème pour Denis Kessler, qui se lamente de constater que « ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après-guerre apparaissent sacrilèges ». Or ces institutions d’après-guerre correspondent tout simplement au rétablissement de la République après quatre années de régime fasciste à la française et d’occupation nazie !

Un modèle « dépassé », « inefficace », « daté » ? Le MEDEF trace la ligne, le gouvernement l’exécute. Telle est du moins l’impression que dégage le discours que François Fillon a prononcé mercredi soir devant les « réformateurs »(comprenez les ultra-libéraux) de l’UMP. Le premier ministre de Nicolas Sarkozy a mis fin au mythe entretenu jusqu’à présent, selon lequel les dizaines de milliers de suppressions d’emplois prévues dès cette année dans la Fonction publique n’auraient aucune incidence sur les services rendus à la population. Qui ne se souvient de l’argument de bonimenteur répété par le candidat Sarkozy sur les douanes prétendument pléthoriques alors que les contrôles aux frontières sont supprimés au sein de l’UE… Enfin, Fillon le reconnaît et s’en félicite : « Il faut, dit-il, que chacun d’entre nous accepte qu’il y ait moins de services, moins de personnel, moins d’État sur son territoire ». La dégradation des services publics est revendiquée. Concrètement, cela signifie dégradation dans l’école , où quelque vingt mille postes d’enseignants seront effacés ; dégradation dans la justice, avec la suppression de centaines de tribunaux, sous-effectifs dans les hôpitaux… De nombreux territoires vont demeurer des déserts en matière de services publics. Ce terrible aveu dessine les contours d’une société plus dure pour les plus faibles, alors que la société moderne a besoin de nouveaux services publics, pour la petite enfance, pour l’aide aux personnes âgées notamment.

Pour imposer cette rupture avec l’héritage de la Résistance, Denis Kessler et François Fillon voudraient prendre la contestation sociale de vitesse. Les grèves de 1995 ont laissé un cruel souvenir à la droite. Elle veut passer en force, de l’état de grâce à l’état de choc. Mais la France a déjà montré qu’elle était capable de Résistance.

Jean-Paul Piérot

 


« Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! » est le titre de l’éditorial du magazine Challenges signé par Denis Kessler

« Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! À l’époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d’obtenir des avancées – toujours qualifiées d’« historiques » – et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises. Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc. Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires. Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après-guerre apparaissent sacrilèges. Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasidisparition du Parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse. » Le magazine Challenges, 4 octobre 2007.


Nous vivons à l’évidence une période cruciale de refondation du paysage politique et social français. Dans ce grand tourbillon, histoire d’y voir un peu plus clair, le magazine Challenges ne nous en voudra pas de donner à lire l’éditorial de sa dernière édition, signé de l’ancien vice-président du MEDEF, Denis Kessler.

En effet, pour qui veut bien comprendre le film de la politique Sarkozy, que le président s’emploie à nous projeter en accéléré pour mieux le brouiller, cet article fournit des sous-titres d’une limpide clarté. C’est donc bien tout l’édifice social issu des conquêtes de la Libération et du Conseil national de la Résistance que le nouveau président veut mettre à bas. Dans leur esprit, tout doit être liquidé avec méthode. C’est cette fois plus clairement dit que jamais.

Mais l’intérêt de cet article va au-delà. Il met du même coup clairement en perspective trois piliers de la refondation entreprise : la démolition sociale exigée depuis des années par le MEDEF et assumée aujourd’hui dans toute son ampleur par Nicolas Sarkozy ; la révision d’une certaine idée de la France dans ses rapports au monde ; la refondation politique qui en devient du coup le corollaire indispensable. Cette cohérence est d’ailleurs consignée dans les actes présidentiels de ces dernières semaines : le discours présidentiel prononcé le 18 septembre pour lancer la restructuration de tout l’édifice social français, le discours raciste prononcé le 26 juillet à Dakar et le terrible symbole des tests ADN ; le ralliement atlantiste entériné à New York et la relance du traité européen rejeté en 2005 ; l’exercice du pouvoir sur un mode hyperprésidentiel, la volonté déclarée de procéder à une révision constitutionnelle qui consacre la bipolarisation politique, la stratégie de l’« ouverture » politique utilisée pour tenter de brouiller tout clivage droite-gauche.

Cette clarification du projet Sarkozy devrait intéresser toutes celles et tous ceux qui entendent lui résister. Car il n’y aura pas de résistance durable et solide à cette entreprise de remodelage généralisé qui accepterait de faire face à un des pans de l’offensive tout en la laissant prospérer à travers d’autres brèches laissées grandes ouvertes. De ce point de vue, si l’éditorial de Denis Kessler éclaire le projet de la droite au pouvoir, il interpelle aussi toute la gauche, qui pour faire face doit elle-même clarifier son projet.

Il faudra bien que le peuple de gauche et, bien au-delà, tous ceux qui commencent à se lever contre la politique Sarkozy en prenant conscience de son extrême gravité disent où est l’avenir d’une alternative solide. Dans la poursuite des « modernisations » libérales ? Dans l’atlantisme ? Dans la fuite en avant d’une Europe de la mise en concurrence systématique ? Dans l’approfondissement d’une bipolarisation appauvrissante ? Dans un choix qui revendique dans la foulée de la campagne de Ségolène Royal ce que son fidèle soutien Bernard-Henri Lévy appelle « une gauche américaine alliée avec le centre et qui assume sa part d’héritage libéral » ? Ou bien au contraire dans une gauche qui, repensant le monde, renouerait enfin avec ses valeurs, son attachement sans compromis à l’égalité et à la justice sociale, son parti pris de la diversité, une vision solidaire de la planète ?On entend déjà les éternels « modernisateurs » de la gauche nous rétorquer finalement, comme Denis Kessler, que tout cela date décidément beaucoup. « Plutôt Bayrou que Buffet », nous suggère ainsi BHL. Marie-George Buffet, justement, à la Fête de l’Humanité, répondait déjà à cette alternative piégée. « Nous savons tous que le statu quo à gauche n’est pas tenable, déclarait-elle. Nous savons tous qu’il faudra refonder nos combats en ce XXIe siècle. Mais pourquoi cela signifierait-il mettre la clé sous la porte, pourquoi refonder la gauche, ce serait accepter de la faire tomber à droite ? »

Refonder, innover et non tout bazarder. Et s’il était là le vrai débat d’avenir face à Sarkozy ?


François Fillon avoue le but de ses réformes :
« Moins de services, moins de personnel »

Le premier ministre veut en finir avec le modèle français d’égalité de tous dans l’accès à tous les services publics.

« La réforme de l’État supposera que chacun d’entre nous accepte qu’il y ait moins de services, moins de personnel, moins d’État sur son territoire. » François Fillon a lâché le morceau mercredi soir lors de la convention de rentrée des réformateurs de l’UMP. La centaine de parlementaires, qui se définissent eux-mêmes comme les « gardiens intransigeants des réformes », ont applaudi. Ceux qui ont cru à l’entreprise de séduction du chef de l’État affirmant vouloir « moderniser » le service public « en fonction des besoins de la société d’aujourd’hui » ont de quoi être douchés. Ceux qui avaient déjà décelé le vrai dessein gouvernemental sont confortés dans l’idée que la réforme de l’État vise à diminuer considérablement son périmètre d’intervention.

Comme il se trouve des élus locaux jusque dans les rangs de la majorité pour se plaindre, pour les uns de voir le tribunal de leur ville menacé de fermeture, pour les autres de voir disparaître l’hôpital, pour d’autres encore de subir un regroupement de services avec un bureau de poste qui s’installe dans le tabac du coin, le premier ministre a rappelé ses troupes à l’ordre : « La réforme de l’État général qui satisfait tout le monde mais qui ne se traduit par aucune suppression d’aucun établissement sur le territoire, ça n’existe pas. » François Fillon a aussi livré la raison de son empressement : « Marqué par le double souvenir de l’échec de 1988 et les grèves de 1995, notre camp s’est, malgré lui, peu à peu convaincu que la réforme devait être prudente, modeste, pour ne pas dire dissimulée. Mais on ne réforme pas vraiment en catimini, pas plus qu’on ne réforme seul au sommet de l’État. » À quelques jours du 18 octobre, date qui agrège de plus en plus de mouvements de protestation dans les services publics, l’UMP et ses élus sont appelés à serrer les rangs.

Même s’il a pris moins de précautions que le président de la République, François Fillon n’a pas gaffé. Il applique. Nicolas Sarkozy lui a explicitement demandé, dans son discours du 19 septembre sur la fonction publique, de réformer l’administration, de « refonder l’État ». Sa vision de ce que doit devenir l’État s’incarne dans une société où les solutions individuelles s’imposent. L’administration doit maigrir, se défaire des services de proximité. Elle doit déléguer des services à des entreprises privées ou rejeter les missions qu’il n’estime pas être de sa responsabilité sur les collectivités territoriales. Les projets sont déjà en route. La réforme de la carte judiciaire entérine la disparition de 400 juridictions, principalement les petits tribunaux d’instance et de prud’hommes. La fusion ANPE-UNEDIC, actuellement en préparation, entérinerait la suppression de guichets. La fusion des services des impôts (DGI) et de la comptabilité publique (DGCP), menée par le ministre du budget, Éric Woerth, est en fait un vaste mouvement de rationalisation de ces administrations. Concernant l’hôpital, la disparition des établissements de proximité est déjà à l’oeuvre, les « plateaux techniques » se concentrant dans les grandes agglomérations. Les établissements scolaires n’échapperont pas à la cure d’amaigrissement, Nicolas Sarkozy ayant prévenu qu’il y aura moins d’école une fois les programmes et les rythmes réformés. Lors de la convention de l’UMP sur les services publics, en juillet 2007, il envisageait déjà « le regroupement de plusieurs écoles dans un seul bourg ».

Paule Masson


Le programme du CNR : résolument moderne

Solidarité et appropriation sociale restent des principes actuels pour préserver le modèle social français.

Les « modernes » libéraux contre les « passéistes » de gauche, conservateurs et rétrogrades. Denis Kessler nous sert sa version du renversement du sens des mots pour appeler à la destruction des conquêtes du CNR, », qui empêchent « notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales ». Des « exigences » qui ont pour nom : privatisations, liberté des capitaux et des marchés, déréglementation et baisse du coût du travail, sur fond de financiarisation de l’économie, avec pour corollaire la montée du chômage et des inégalités. Tout ce que, précisément, le programme du CNR se proposait de combattre, en voulant instaurer « un ordre social plus juste » basé sur l’appropriation sociale et la solidarité : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Toutes conquêtes qui n’ont pas mis « l’État en faillite », en dépit de richesses infiniment moindres qu’aujourd’hui et des destructions de la guerre !

En février 1945, le futur ministre communiste inventeur du statut de la Fonction publique, Maurice Thorez, déclarait dans l’Humanité : « Si on analysait sérieusement les causes de la défaite de 1940 (…), on verrait que la cause essentielle est l’égoïsme de certains cercles privilégiés qui ont sacrifié délibérément les intérêts de la nation à la défense de leurs privilèges. » C’est exactement ce que fait le gouvernement depuis cinq ans, avec ses « réformes » de privatisation du système de protection sociale, le bradage du secteur énergétique et l’avalanche de cadeaux fiscaux aux riches.

Constatant le creusement vertigineux des inégalités dans le monde depuis les années soixante-dix, un économiste libéral du Monde décrivait, en mars dernier (1), un « retour au capitalisme du XIXe siècle », avec des écarts de richesses dans les pays développés retrouvant leur niveau de 1900, après une forte réduction dans les années d’après guerre. Si des transformations profondes ont affecté les économies depuis la Libération, avec la révolution technologique et informationnelle à l’oeuvre, le capitalisme engendre les mêmes maux qu’avant guerre : crise boursière venue des « subprimes » américains, scandales financiers comme à EADS, « parachute en or » pour les PDG mais chômage et précarité pour les autres, sur fond de dépression économique, de pouvoir d’achat qui recule, etc. Attaquée de toutes parts, l’« architecture » héritée du CNR tient le choc, en préservant notre système de protection sociale et nos services publics des prédations et des aléas financiers. Ce système supporte largement la comparaison avec le modèle anglo-américain dont rêvent Nicolas Sarkozy et Denis Kessler, avec ses millions de retraités ruinés suite au scandale d’Enron, les déboires actuels des petits propriétaires victimes de la crise boursière américaine, les millions d’enfants non assurés socialement ou encore l’incurie des services de l’« État minimal » américain au moment de l’ouragan Katrina. Qu’on se rappelle, à ce propos, l’efficacité de l’entreprise publique EDF lors de la tempête de 1999… Plus proches de nous les ravages de la « concurrence » en Europe sont bien visibles, entraînant hausse des prix, précarisation de l’emploi et dégradation des services.

De tout cela, Denis Kessler ne parle pas. Pas plus qu’il n’évoque le débat sous-jacent à son propos, qui est de savoir si, au fond, le cadre de la mondialisation libérale est indépassable ou pas. Tout comme il était de savoir, à l’époque de l’établissement du programme du CNR, si la guerre, la défaite, la destruction des acquis sociaux ordonnée par les gouvernements qui ont suivi celui du Front populaire étaient une fatalité ou pas. (1) Le Monde des 11 et 12 mars 2007.

Sébastien Crépel


L’appel des résistants aux jeunes

Le 8 mars 2004, à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire du programme du CNR (Conseil national de la Résistance), treize (1) personnalités de la Résistance lançaient un appel aux jeunes générations. « Notre colère contre l’injustice est toujours intacte », écrivaient-elles. Et énumérant quelques-uns des grands points du programme du CNR : « Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des "féodalités économiques", droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. », elles s’étonnaient : « Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? » Elles appelaient à ne « pas démissionner » et à « définir ensemble un nouveau programme de Résistance pour notre siècle. » Elles appelaient aussi « à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. » Avant de conclure : « Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : Créer, c’est résister. Résister, c’est créer. » (1)

Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.


Martin Niemöller (né le 14 janvier 1892 et mort le 6 mars 1984) fut un pasteur et théologien allemand.

D'abord militaire décoré lors de la Première Guerre mondiale, Niemöller s'orienta vers la théologie après avoir éprouvé les horreurs de la guerre. Au moment de la montée en puissance du pouvoir nazi, qui noyauta peu à peu l'église allemande, le pasteur Martin Niemöller, pourtant partisan du régime hitlérien, appela les pasteurs hostiles aux mesures antisémites à s'unir au sein d'une nouvelle organisation, le "Pfarrernotbund", la "Ligue d'urgence des pasteurs", qui respecterait les principes de tolérance énoncés par la Bible et la profession de foi réformatrice. Cet appel eut un grand écho : à la fin de l'année 1933, 6 000 pasteurs, soit plus d'un tiers des ecclésiastiques protestants, avaient rejoint ce groupe dissident. La "Ligue d'urgence des pasteurs", soutenue par des protestants à l'étranger, adressa au synode une lettre de protestation contre les mesures d'exclusion et de persécution prises envers les juifs et envers les pasteurs refusant d'obéir aux nazis. Malgré les protestations, Martin Niemöller fut déchu de ses fonctions de pasteur et mis prématurément à la retraite au début du mois de novembre 1933. Mais la grande majorité des croyants de sa paroisse décida de lui rester fidèle, et il put ainsi continuer à prêcher et à assumer ses fonctions de pasteur. Niemöller fut arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen. Il fut ensuite transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau. Libéré du camp par la chute du régime nazi, en 1945, il se consacrera par la suite, jusqu'à sa mort en 1984, à la reconstruction de l'Église protestante d'Allemagne et prendra de plus en plus de distance avec les milieux conservateurs de ses origines pour devenir un militant pacifiste.

Poème célèbre attribué à Niemöller:

Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je me suis tu, je n'étais pas communiste.

Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je me suis tu, je n'étais pas syndicaliste.

Lorsqu'ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je me suis tu, je n'étais pas social-démocrate.

Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs
Je me suis tu, je n'étais pas juif.

Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester.

À noter que la forme initiale exacte et l'origine de ce poème ne sont pas connues avec certitude, voir les liens externes. La forme ci-dessus est une traduction de celle reconnue définitive par la Fondation Martin Niemöller.

 

RISTT du SNUipp-FSU - Samedi 29 Septembre
Photos

 

  • Les Français aiment les fonctionnaires

    C'est sans doute l'un des plus gros obstacles à l'entreprise destructrice du gouvernement : même si elle n'est pas exempte, à leurs yeux, de reproches, la fonction publique peut compter sur un puissant attachement des Français, comme en témoignent année après année les enquêtes d'opinion...

  • TNS-SOFRES - Les Français et l’Ecole

    Nouvelle confirmation - Des élèves et des parents très satisfaits de l'école et de la formation des enseignants Les Français sont satisfaits de leurs Services Publics en général et de celui de l'Education en paticulier. Le Gouvernement va avoir du mal à les casser aussi facilement qu'il l'aurait espéré !...

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