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La dernière bombe de Claude Allègre
Dans un entretien à «Paris-Match» et une tribune au «Nouvel Observateur», l'ancien ministre de l'éducation nationale propose, pour la première fois publiquement, de confier la gestion des personnels aux collectivités locales.

« Le Monde » a fait réagir diverses personnalités
Mis à jour le vendredi 7 avril 2000

RADICALEMENT modernisateur, foncièrement décentralisateur et, finalement, libéral ? Dix jours après son éviction du gouvernement, Claude Allègre reprend l'offensive et, à sa manière, sort du bois. Dans un entretien à Paris-Match et une tribune publiée dans Le Nouvel Observateur, jeudi 6 avril, l'ancien ministre de l'éducation nationale défend une décentralisation totale du système éducatif.
«Toute réforme de l'éducation nationale passe par une décentralisation et une implication plus grande des usagers et des élus : il faut confier les écoles aux communes, les collèges aux départements, les lycées aux régions. Personnels compris», assène M. Allègre. Les comptes qu'entretient ce dernier avec la politique éducative ne sont manifestement pas soldés, et l'ancien ministre, contrairement à l'avis de certains de ses amis, n'a pas choisi de se taire.
En incluant les personnels dans la décentralisation, Claude Allègre relance publiquement une idée qu'il a défendue avec une partie de la droite, contre l'avis de son entourage Rue de Grenelle. Philippe Meirieu, aujourd'hui président de l'Institut national de recherche pédagogique (INRP), avait ainsi rappelé ces derniers mois qu'il fallait « sortir du bras de fer entre le ministre et les syndicats d'enseignants par le haut, c'est-à-dire en faisant légiférer le Parlement, et non en confiant la réforme aux collectivités locales. Les questions éducatives sont trop importantes pour être réglées à leur niveau ».

PISTES D'EXPÉRIMENTATION
Pour leur part, les collectivités territoriales jugent tout à fait «d'actualité» le débat ainsi ouvert par l'ancien ministre. «De la protection sociale à l'éducation, on continue de construire des mammouths dont la réforme devient un sujet important», note Jean-Pierre Raffarin, président (DL) de la région Poitou-Charentes et patron de l'Association des régions de France (ARF). « Nous ne sommes pas prêts à assumer une mission globale d'éducation, mais une délégation républicaine, sur la base d'un contrat et en commençant par des expérimentations », précise-t-il. Le président de l'ARF juge impossible que les régions gèrent les enseignants ou les rémunèrent, mais l'imagine bien pour les personnels administratifs. Il suggère aussi des pistes d'expérimentation, telles que l'attribution aux rectorats du statut d'établissement public. « Confier les réformes au terrain et aux enseignants est un des enjeux des prochaines élections », ajoute-t-il. Jean Puech, sénateur (DL) de l'Aveyron et président de l'Association des départements de France, prône une extension du champ de la décentralisation, notamment pour « ouvrir l'enseignement des collèges sur leur environnement ». Il verrait même les départements récupérer les murs des lycées, les régions s'appropriant ceux des universités. Plus réservé, Jean-Paul Delevoye (RPR), président de l'Association des maires de France (AMF), estime que « l'Etat doit rester maître des objectifs pédagogiques et des moyens à mettre en oeuvre ». Les communes, qui gèrent déjà les personnels non enseignants des écoles maternelles et primaires, « font preuve d'une grande prudence par rapport aux demandes de l'Etat ». « Si les communes doivent assurer la gestion de l'Etat par défaut, elles seront asphyxiées », analyse le président de l'AMF. M. Allègre s'interroge pourtant crûment dans Le Nouvel Observateur : « Peut-on moderniser, réformer un pays qui s'appuie si fortement sur des services publics puissants, étatiques et centralisés ? » Il s'en prend aussi violemment aux enseignants, déplorant une nouvelle fois que la réforme se soit heurtée « à l'action paralysante des révolutionnaires du statu quo toujours experts dans l'agitation de blocage par la rue ». A l'image de l'université, qui, depuis longtemps, n'est plus, selon lui, « la république des professeurs », car ses enseignants-chercheurs ont noué des liens « étroits » avec l'extérieur, M. Allègre aurait souhaité que les professeurs du second degré changent. «Les enseignants qui défilent dans les manifs sont loin d'être tous des profs charismatiques. On en voit certains, avec leur litron de rouge...», lance-t-il dans Paris-Match. Il déplore aussi leur absence d'ouverture d'esprit : «Ils vivent entre eux, se marient entre eux, ne parlent que d'eux dans leur bulletin [syndical NDLR] . Ils ressassent et veulent ressasser». «Les établissements scolaires et les enseignants sont trop isolés. Le service public est d'abord organisé pour eux-mêmes, à commencer par les emplois du temps et les vacances».

MEA CULPA NUANCÉ
Le jugement est plus amène pour les instituteurs, qui, selon l'ancien ministre, ont su s'adapter : « L'arrivée des aides-éducateurs est une discontinuité aussi grande pour la pédagogie à l'école primaire que le fut celle des assistants à l'université. Le travail en équipe devient quotidien. » Au fond, l'ancien ministre pense que «beaucoup trop d'enseignants vivent dans la peur. Peur des élèves, des nouvelles technologies, peur des avancées de plus en plus rapides du savoir. Alors, ils comprennent tout très mal». Sur sa méthode, M. Allègre reconnaît une seule erreur. « Nous avons choisi de nous appuyer sur les parents et le pays pour faire bouger les choses, persuadés que la majorité des enseignants emboîteraient le pas si nos ambitions étaient claires. Elles ne l'ont peut-être pas été assez. » Un mea culpa nuancé par cette conviction : «Toutes les difficultés que j'ai rencontrées, je les avais trop bien prévues. J'ai été piégé par l'institution». Enfin, se posant en défenseur de la modernité, l'ancien ministre met en garde les enseignants : « Le service public d'éducation va avoir désormais un concurrent redoutable. Ce n'est plus l'enseignement privé sous contrat, c'est l'Internet. L'Internet qui éduquera et contrôlera sans punir, qui aidera chacun à son rythme... Internet va tout balayer. » Pour Claude Allègre, dont la mission était « de préparer la France au XXIe siècle», le prof de demain « sera un guide, un référent, une aide ».
N. G. et S. L. B.
Le Monde daté du samedi 8 avril 2000

 

Claude Allègre reproche à Lionel Jospin d'avoir eu «inutilement peur»
Matignon refuse de répliquer aux «propos d'un homme libre»


Dans un documentaire que diffusera France 2, dimanche 16 avril, l'ancien ministre évoque son action à l'éducation nationale et n'épargne pas le premier ministre. « Il voulait quand même réussir à travers moi ce qu'il avait raté lui-même », dit-il de Lionel Jospin. Tandis que Matignon évite d'entrer dans une controverse avec un « homme libre », Ségolène Royal prend ses distances avec son ancien ministre de tutelle. Mis à jour le vendredi 14 avril 2000 CLAUDE ALLÈGRE persiste et signe. L'ex-ministre de l'éducation nationale n'en finit pas de dénoncer les blocages qui, selon lui, ont freiné ses réformes. Les profs, leur syndicat majoritaire le SNES, mais aussi le premier ministre lui-même. Dans un entretien enregistré le 5 avril et qui sera diffusé dimanche 16 avril sur France 2 ( Claude Allègre, les réformes dans la tourmente, à 23 h 05), M. Allègre condamne sans appel l'attitude de Lionel Jospin à son égard. Commentant son éviction du gouvernement, il lance : «J'ai le sentiment d'un premier ministre qui a eu peur. Qui a inutilement eu peur». Il n'est pas plus tendre pour son « ami de quarante ans » lorsqu'il évoque les moyens que ce dernier a mis à sa disposition. « Il m'a donné peu d'argent et il voulait quand même réussir à travers moi ce qu'il avait raté lui-même [entre 1988 et 1992]. » Puis vient le coup de grâce. «Jospin a mis beaucoup d'argent dans l'éducation nationale et n'a pas fait beaucoup de réformes», juge l'ancien conseiller spécial, qui se désolidarise ainsi, pour la première fois aussi clairement, du bilan éducatif de M. Jospin. Pour l'heure, juge-t-il, «l' éducation nationale, c'est le Gosplan qui uniformise et démoralise les meilleurs».

« Pouce, Claude Allègre ! », a répliqué Ségolène Royal dans un point de vue publié par le Nouvel Observateur (daté 13-19 avril). L'ex-ministre déléguée à l'enseignement scolaire, aujourd'hui chargée de la famille et de l'enfance, sort de sa réserve. « Diaboliser les enseignants ou leurs organisations syndicales ne fut pas ma manière », explique-t-elle, en désavouant son collègue. Rendant « hommage aux équipes pédagogiques qui s'investissent bien au-delà du minimum professionnel requis », la ministre affiche sa différence : « Je ne peux laisser penser que j'aurais adhéré à l'étrange projet de s'appuyer sur les parents contre les enseignants pour faire bouger l'école. » Face aux attaques en règle formulées par l'ancien ministre, Mme Royal résume le personnage sans ambages. « Pour réformer, il faut être modeste. Le problème avec Claude, c'est qu'il a trop de certitudes », explique-t-elle dans Paris-Match du 20 avril . Se plaçant du côté des professeurs, la ministre ajoute : « J'ai ressenti ses propos comme blessants et injustes. »

« REGARD ATTENDRI »
Dans l'entourage de M. Allègre, rares sont ceux qui acceptent de commenter l'offensive de l'ancien ministre. « Plusieurs proches lui ont demandé d'arrêter ses attaques qui ne servent à rien et qui mettent ceux qui ont travaillé avec lui en difficulté », assure un ancien conseiller. « Particulièrement blessé par ce qu'il a vécu, il règle ses comptes et dérape mais cela ne nous aide pas à gérer l'après-Allègre », ajoute-t-il. En attaquant avec une sévérité jamais égalée les enseignants et le SNES, M. Allègre affiche « son vrai tempérament », considère un autre membre de son entourage. « Les propos qu'il tient aujourd'hui étaient les mêmes qu'il tenait en privé au ministère », affirme-t-il. « Maintenant il se lâche, c'est sa nature propre qui prend le dessus », témoigne ce bon connaisseur de la Rue de Grenelle qui s'étonne que « son ami de quarante ans ne lui demande pas de se taire ». En jouant la carte de l'offensive tous azimuts, l'ancien ministre « s'enfonce un peu plus vis-à-vis des profs mais aussi de l'opinion publique et creuse l'écart avec la personnalité de son successeur », garantit ce même proche. « Jack Lang passera davantage encore pour un homme de dialogue », estime-t-il. L' « ami de quarante ans », justement, ne dit rien. M. Jospin, affirme un de ses conseillers, pose « un regard attendri » sur M. Allègre. Les critiques répétées et de plus en plus acides que l'ancien ministre porte sur le chef du gouvernement n'ont officiellement suscité que ce constat de la part de M. Jospin : « Claude part et sort comme il est entré. » C'est-à-dire tonitruant, provocateur. Quant à ses anciens collègues ministres, ils ne se montrent guère plus bavards. « Bien sûr », affirment certains d'entre eux, ils lui ont téléphoné à plusieurs reprises, ils vont l'inviter à dîner, dès qu'il sera rentré à Paris. « On ne va pas le laisser tomber », confie ainsi Daniel Vaillant, ministre chargé des relations avec le Parlement. A mots couverts, d'autres évoquent la « réaction compréhensible d'un bonhomme qui parle avec ses tripes, [qui est] dans une phase de haute déprime ».

PAS DE MESSAGE DE MATIGNON
Dans l'entourage du premier ministre, on assure en tout cas qu' « aucun message ne lui a été transmis » pour lui demander de faire silence. Discrétion, pudeur, liées aux relations d'amitié étroite entre M. Jospin et M. Allègre ? Certes. Mais auxquelles, à Matignon, pour couper court à toutes les questions, on ajoute un commentaire cinglant : « Claude Allègre est un ancien ministre de l'éducation nationale, un scientifique de haut niveau, une personnalité forte, un homme libre, qui s'exprime librement. On ne commente pas les propos d'un homme libre. » La page est tournée.
Sandrine Blanchard et Pascale Robert-Diard Le Monde daté du samedi 15 avril 2000

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