Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs d'école et Pegc
Fédération Syndicale Unitaire

Section de LA SEYNE - VAR

Économie

La "soif gigantesque" qui menace le monde
Salaires - Retraites - Education - Santé... l'argent existe !!!
Octobre 2000 - Trois rapports officiels d'organismes dépendant de l'ONU, la FAO (alimentation et agriculture), le FNUAP (population) et la CNUCED (commerce et développement), publiés ces jours-ci, dressent un tableau convergeant et alarmant de la situation du Tiers-monde.
Le baril flambe, les bénéfices de Total explosent

Des rapports officiels des Nations unies révèlent que sur notre planète, un milliard et demi d'habitants vivent avec moins de sept francs par jour pendant que les deux cent vingt plus grosses fortunes mondiales disposent de plus d'argent que la totalité du produit national brut des quarante pays les plus pauvres.
Vache folle, poulet à la dioxine, millions de licenciements dans les grandes entreprises, pour le seul objectif de faire exploser les indices du CAC 40 qui enrichissent les milliardaires de ce monde...

Des inégalités de revenus sans précédent

Le Rapport mondial sur le développement humain 2000 souligne une marginalisation des pays et des individus pauvres du fait "d'inégalités de revenus sans précédent à l'échelle pla-nétaire".

Classement des riches
Télé - Sport - Fric
Environ 10.000 enfants de moins de 14 ans travaillent dans l'industrie de l'équipement sportif en Inde selon un rapport publié lundi par une ONG néerlandaise spécialisée dans ce domaine.
 

La "soif gigantesque" qui menace le monde

L'eau utilisable pour les six milliards d'habitants actuels ne représente qu'un cent millième de l'eau de la planète, à près de 98% salée ou inaccessible. Elle est de surcroît très inégalement répartie, 23 pays se partageant les deux tiers des ressources mondiales (Brésil, Canada, Chine, Colombie, États-Unis, Inde, Indonésie, Russie, 15 membres de l'Union européenne). La surexploitation des fleuves et des nappes phréatiques, la pollution, le gaspillage, l'accroissement démographique et l'urbanisation anarchique pourraient transformer les pénuries d'aujourd'hui (moins de 1.000 m3 annuels par tête), qui touchent 250 millions d'habitants dans 26 pays, "en une gigantesque soif" touchant près des deux tiers de la population mondiale en 2050. Plus d'un milliard d'individus n'ont pas d'accès à l'eau potable aujourd'hui et 2,4 milliards d'individus ne bénéficient pas de structures d'assainissement fiables. L'eau est la première cause de mortalité et de morbidité au monde de façon directe ou indirecte et trois millions d'enfants meurent chaque année avant 5 ans par manque d'accès à une eau potable. Pour nourrir huit milliards d'hommes en 2025 et améliorer la situation sociale et sanitaire, 180 milliards de dollars doivent être investis chaque année contre 70-80 milliards actuellement. Le secteur privé, qui ne fournit actuellement qu'un quart du financement, devra être impliqué de manière croissante.

Les ressources supplémentaires nécessaires (100 milliards de dollars par an) ne représentent qu'une heure et 40 minutes de transactions boursières.

Salaires - Retraites - Education - Santé... l'argent existe !!!

ARGUMENTS

Voulez-vous gagner des milliards ?

Les salariés sont à la diète, pas les patrons. Ces derniers, qui ne cessent de vanter la modération salariale... pour les autres, s'octroient de solides rallonges, comme l'indiquent les quelques chiffres ci-dessous. Cela montre utilement que les entreprises ont largement de quoi payer les augmentations salariales.

Une revue financière évalue la fortune de Liliane Bettencourt (l'Oréal) à 123 milliards de francs. Une augmentation de 68 milliards par rapport à 1998, date d'un précédent classement; soit un enrichissement de 93 millions de francs par jour, de 3,9 millions par heure (Capital, décembre 2000).

Les dix plus gros profits français, en milliards de francs:
Total Fina Elf: 22,9; France-Télécom: 18; Suez-Lyonnaise des eaux: 9,5; Vivendi: 9,3; Saint-Gobain: 8; EDF: 7,7; L'Oréal: 5,1; Renault: 4,7; Aventis: 4,5; Alcatel, 4,2. (l'Expansion, décembre 2000).

Liste des dix plus grosses fortunes professionnelles, établie fin 2000, et évolution depuis deux ans: Liliane Bettencourt (L'Oréal), 123 milliards (+115%); Bernard Arnault (luxe), 89 milliards (+493%); François Pinault (Printemps), 84 milliards (+162%); famille Mulliez (Auchan), 50 milliards (+80%); famille Halley (Carrefour), 40 milliards (+67%); famille Dassault, 39 milliards (+39%); famille Hermès, 28 milliards (+180%); famille Bouygues, 25 milliards (+557%); Serge Kampf (Cap Gémini), 22 milliards (+183%); famille Peugeot, 17 milliards (+88%) (Capital, décembre 2000).

Les cachetons des patrons.
Rémunérations, hors stock-options, de quelques patrons (en 1999) : Claude Bébéar (AXA), 20,5 millions; Michel Pébereau (BNP), 11 millions; Thierry Desmarest (Total Fina Elf), entre 7 et 14 millions; Pierre Bilger (Alsthom), 10 millions, Ernest-Antoine Seillière (Cgip), 7 millions (brut) (Les Echos).

L'argent existe

Sur les 500 français les plus riches, 200 ont fait fortune dans l'informatique et Internet, et la moitié ne figuraient pas au classement il y a seulement un an.

La richesse cumulée des 500 plus riches s'élevait à 799 milliards de francs en 1999. Douze mois plus tard, elle a presque doublé: 1 259 milliards. Les deux tiers du budget de l'Etat, de quoi s'acheter quelques gadgets.

Alors, on ne compte pas. Grâce à l'argent de la nouvelle écono-mie, certains secteurs sont particulièrement florissants. L'agence France Villas, qui loue des maisons haut de gamme dans le Midi, a vu ses transactions s'envoler de 37% en 1999. Cette année, le chiffre d'affaires est déjà de 26 millions, un bilan nettement supé-rieur au résultat de 1999. Le prix moyen de location de nos villas, explique le PDG, est de 12000 F la semaine, mais la hausse d'ac-tivité porte surtout sur la fourchette 15000-20000F. Idem pour les bateaux de luxe. Les commandes ont augmenté de 20%. Pour les bateaux de plus de 22 mètres qui valent entre 40 et 60 millions, les carnets sont remplis jusqu'à fin 2001.

Et l'Etat n'en finit pas de se constituer des "cagnottes" avec les fruits de notre travail et de nos impôts !

Economie - Articles de presse

Octobre 2000 - Trois rapports officiels d'organismes dépendant de l'ONU, la FAO (alimentation et agriculture), le FNUAP (population) et la CNUCED (commerce et développement), publiés ces jours-ci, dressent un tableau convergeant et alarmant de la situation du Tiers-monde.

Alimentation: la FAO dénombre 836 millions d'humains qui ont faim. C'est-à-dire que leur manquent entre 100 et 400 kCal, chaque jour, pour satisfaire leurs besoins énergétiques; l'Asie, l'Afrique sub-saharienne semblent particulièrement touchées; tous les experts s'accordent pour dire que la faim est d'abord le fruit de la guerre.

Femmes: le FNUAP signale qu'une femme meurt chaque MINUTE de causes liées à la grossesse. 95% des cas se situent dans les pays en développement. Dans ces mêmes pays, les maladies sexuellement transmissibles touchent cinq fois plus de femmes que d'hommes. S'ajoutent les violences sexistes: 130 millions de fillettes et de jeunes femmes subissent chaque année excisions et autres mutilations génitales.

Pauvreté: la CNUCED constate qu'inexorablement, les pays les moins avancés, les PMA, soit 48 Etats, s'enfoncent dans l'extrême pauvreté et la misère. Un seul chiffre en matière de santé: au début de la décennie 90, les PMA consacraient à ce secteur 11 dollars en moyenne par an et par habitant contre 1700 dans les régions industrialisées du globe.

Autant de faits qui justifient le combat nécessaire contre la mondialisation capitaliste, pour une autre mondialisation au service des êtres humains

Plus de 800 millions de personnes, soit 13% de l'humanité «souffrent toujours de la faim et des maladies liées à la sous-alimentation», constate l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) dans son rapport annuel publié vendredi 15/09/2000.

«Les progrès réalisés montrent que l'objectif de l'éradication de la faim demandera de gros efforts mais qu'il est réalisable», écrivent les auteurs . «Les techniques et les ressources nécessaires sont à notre portée», renchérit le directeur général de la FAO, Jacques Diouf.

«Si nous ne parvenons pas à éradiquer la faim, la seule excuse que nous pourrons évoquer face aux générations à venir sera celle de l'ignorance, du manque de clairvoyance et de l'égoïsme», affirme-t-il.

Selon les experts de la FAO «la production mondiale est aujourd'hui plus que suffisante pour nourrir convenablement 6 milliards d'êtres humains».

La FAO relève que dans les pays en développement et en transition, près de 1,2 milliard de personnes, soit un quart de la population environ, vivent avec moins de 1 dollar par jour ce qui «leur permet tout juste de survivre».


Environ 10.000 enfants de moins de 14 ans travaillent dans l'industrie de l'équipement sportif en Inde selon un rapport publié lundi par une ONG néerlandaise spécialisée dans ce domaine. Le document précise que la majorité fréquente encore l'école, mais que 1.350 enfants ne font que travailler. Les enfants passent entre 7,5 et 11 heures par jour à coudre des ballons. Ces jeunes gagnent la moitié du salaire minimum, c'est-à-dire 1,4 dollar par jour (63 roupies). Le travail des enfants est interdit en Inde mais seulement dans les métiers considérés comme dangereux. Il n'est donc pas illégal dans le secteur de la couture des ballons de football. Selon le gouvernement indien, plus de 20 millions d'enfants âgés de cinq à quatorze ans travaillent.


Document secret des services de renseignements canadiens sur l'antimondialisation
Rapport N° 2000/08

L’ANTIMONDIALISATION, UN PHÉNOMÈNE EN PLEINE EXPANSION

http://www.seul.asso.fr/etudiant_du_monde/archives/monde77.html


Le baril flambe, les bénéfices de Total explosent
http://www.humanite.presse.fr/journal/2000/2000-09/2000-09-07/2000-09-07-020.html

Le pétrolier a fait 22 milliards de francs de bénéfices en six mois. Il conteste sa mise à contribution pour réduire la facture à la pompe et s'en remet aux décisions de l'OPEP. La flambée du brut n'est pas mauvaise pour tout le monde.

Total vient d'annoncer ses résultats semestriels. Ils sont tout simplement faramineux : les bénéfices sont en hausse de 165 % par rapport à l'an dernier. Ils atteignent 22 milliards de francs (3, 4 milliards d'euros).

C'est tellement faramineux - encore un record - que le patron de Total a dû jouer les modestes, hier, lors de sa conférence de presse. " Ces résultats sont très bons ", a laconiquement commenté Thierry Desmarest, qui a avoué annoncer ces résultats dans un contexte d'actualité particulièrement brûlante - barrages des routiers, pompage de l'Erika, décisions du gouvernement concernant les taxes sur l'essence.

Le cours du baril, qui dépasse aujourd'hui les 30 dollars contre 13 dollars il y a un an, est la cause essentielle de la manne du pétrolier. Lors du premier semestre, en effet, 85 % des bénéfices ont directement été générés par des éléments externes à l'entreprise. Au premier chef l'augmentation du prix du brut qui se solde par une entrée de 2, 8 milliards d'euros (plus de 18 milliards de francs) dans ses caisses.

Viennent ensuite les marges de raffinage (0,4 milliard d'euros) et enfin la modification du rapport euro/dollar (0,4e).

Pour ce qui concerne les résultats dus aux programmes internes à l'entreprise, ils ne comptent au total que pour 0,6 milliard d'euros soit 15 % du total des bénéfices. La croissance n'y prend qu'une maigre part (0,1 milliard d'euros) alors que ce sont les programmes de synergie et de productivité liés à la fusion de Total, Fina et d'Elf, l'an dernier, qui ont le plus lourdement pesé (0,5 milliard d'euros). Il n'a pas été précisé, hier, ce qui revenait aux économies réalisées sur la masse salariale, grâce à la suppression de 4 000 emplois dans le monde au cours de la fusion, dont 2 000 en France.

Pour Thierry Desmarest, pourtant, rien ne semble justifier que l'Etat mette en place un prélèvement exceptionnel sur les fonds des entreprises pétrolières pour alléger la facture d'essence des consommateurs. " Je ne sais pas combien va nous coûter le prélèvement. Mais au moment où le gouvernement annonce des mesures d'allégement pour les contribuables, nous allons être l'une des seules entreprises où l'ardoise fiscale augmente. Sur le plan du principe ça ne me paraît pas très normal ", a-t-il déclaré.

Evoquant la rentabilité de 16 % sur les capitaux investis lors des douze derniers mois, le PDG s'est défendu en ajoutant : " On dit que nous faisons des profits énormes. C'est un résultat normal en période de haute conjoncture. Comparable à celui de nos concurrents. " Concédant que les prix de l'essence sont aujourd'hui trop élevés, le patron du groupe pétrolier français s'en est simplement remis au choix des pays exportateurs de pétrole (OPEP), mettant - implicitement - en cause leur responsabilité. " Nous souhaiterions, bien sûr que l'organisation des pays exportateurs de pétrole décide d'une augmentation de sa production lors de sa conférence dimanche à Vienne. J'ai la conviction que l'industrie pétrolière a fait suffisamment de gains pour que la production continue à croître et que la demande soit satisfaite avec un baril à 15-20 dollars. Il est clair que le pétrole est trop cher à 30 dollars le baril, et que nos clients commencent à en souffrir et la croissance à en pâtir. "

L'OPEP est-il pourtant le seul à pouvoir déterminer les prix ? Les grandes compagnies, parmi lesquelles TotalFinaElf, n'ont-elles aucune responsabilité en la matière ?

Economie
http://recherche.wanadoo.fr/Wanadoo/Actualite_medias/Evenements_actualite/Economie/index_3.html

Des rapports officiels des Nations unies révèlent que sur notre planète, un milliard et demi d'habitants vivent avec moins de sept francs par jour pendant que les deux cent vingt plus grosses fortunes mondiales disposent de plus d'argent que la totalité du produit national brut des quarante pays les plus pauvres.
Vache folle, poulet à la dioxine, millions de licenciements dans les grandes entreprises, pour le seul objectif de faire exploser les indices du CAC 40 qui enrichissent les milliardaires de ce monde...

Des inégalités de revenus sans précédent

Le Rapport mondial sur le développement humain 2000 souligne une marginalisation des pays et des individus pauvres du fait "d'inégalités de revenus sans précédent à l'échelle pla-nétaire".

En 1820, le rapport du revenu du pays le plus riche avec celui du plus pauvre était de 3 à 1.

En 1999 les 48 pays les plus pauvres, et leurs 582 millions d'habitants, se sont partagés 146 milliards de dollars pendant que les 200 personnes les plus riches du monde accumulaient une fortune de 1.000 milliards de dollars.

L'éradication de la pauvreté est un défi central pour les droits de l'Homme au XXIe siècle, affirme le PNUD: la planète compte encore 1,2 milliard de pauvres qui vivent avec moins d'un dollar par jour.

Plus de 30.000 enfants meurent chaque jour pour des raisons qui auraient pu être évitées et 780 millions de personnes souffrent de la faim, dont 8 millions dans les pays industrialisés.

Certes, les progrès en termes de conditions de vie ont été considérables: entre 1970 et 1999, l'espérance de vie dans les pays en développement a progressé de 55 ans à 65 ans (contre 75 ans dans les pays industrialisés) et le pourcentage de la population rurale ayant accès à l'eau potable est passé de 13% à 71%. Néanmoins, un milliard de personnes n'y ont toujours pas accès.

Il manque aux pays en développement 80 milliards de dollars par an pour assurer tous les services de base. L'ONU leur recommande d'affecter 20% de leurs budgets aux besoins élémentaires, mais ce taux ne dépasse pas 14% en moyenne. Seulement 8,3% de l'aide des donateurs bilatéraux va à ces services.


Télé - Sport - Fric

Plus de 21 millions de téléspectateurs ont suivi la finale France-Italie sur TF1, record absolu d'audience. France-Brésil pour le Mondial 1998 en avait rassemblé 20,5 millions.
Durant les prolongations 24 873 610 personnes ont vu le but en or de Trezeguet, soit 80,9 % de part d'audience.


Classement des riches

 

Challenges - JUILLET-AOUT 2000 - N°149 - Dossier - LES RICHES
Les 10 plus grosses fortunes de l'an 2000

http://www.challenges-eco.com/dossier/dossier1.html

Classement

Fortune
(en milliards de francs)

Nom
Entreprise
1
134

Bernard Arnault

LVMH

2
100

Liliane Bettancourt

L'Oréal

3
90

François Pinault

PPR

4
85

Famille Mulliez

Auchan

5
42

Serge Dassault

Marcel Dassault

6
32

Famille Halley

Carrefour

7
26

Famille Hermès

Hermès

8
26

Philippe Foriel-Destezet

Adecco

9
21

Martin et Olivier Bouygues

Bouygues

10
18

Jean-charles Naouri

Casino

 

Nouvel Observateur N° 1821
LINDSAY OWEN-JONES (L'OREAL) LE SUPERMANAGER Un salaire de 20 millions de francs

Nouvel Observateur N° 1820
L'homme qui valait 300 millions
Le capitalisme français ­ illustré par le cas Jaffré ­, c'est l'éclat du parachute doré doublé de l'opacité de la lessiveuse

Challenges N° 138
ANALYSE DU CLASSEMENT
Le classement en chiffres

ANALYSE DU CLASSEMENT
Quelle progression ! Il y a quatre ans, pour notre première édition des Riches, les 500 premières fortunes de France « pesaient » 536 milliards de francs.

Depuis, leur poids a augmenté de moitié : cette année, il s'élève à 799 milliards de francs ! Classique inflation des richesses ?

Pas seulement. Cette année, notre classement a été complètement bouleversé par la formidable vitalité de l'économie française et l'émergence d'une foule de personnalités jusqu'alors inconnues. La plupart de ces «nouveaux riches» se sont présentés... spontanément, en introduisant leur société en Bourse.

En 1998, environ 150 sociétés (deux fois plus qu'en 1997) sont venues chercher de l'argent frais au Palais-Brongniart.

Derrière chacune d'entre elles, un « riche » en puissance... ou plusieurs. Parmi ces nouveaux venus, peu d'industriels, encore moins de spécialistes de la grande distribution, mais une moisson de patrons « NTIC » (nouvelles technologies de l'information et de la communication).

En 1998-1999, la Bourse aura été pour eux un immense creuset : elle a transformé en or leurs puces de silicium.

Ces créateurs de SSII (sociétés de services informatiques), ces producteurs de périphériques, ces concepteurs de logiciels représentent désormais plus du quart des 700 fortunes que nous avons estimées, et dont nous présentons ici une sélection des 500 premières (1).

Le parcours de ces riches « NTIC » est balisé et, déjà, presque banalisé.

Jeunes, talentueux, ils ont débuté il y a moins de dix ans, en découvrant une niche ou une technologie innovante.

Bingo, par exemple, pour Alain Nicolazzi. Ce jeune Parisien passe son service national à étudier, pour le compte de l'Union européenne, la libéralisation du marché européen des télécoms. A son retour à la vie civile, il applique les recettes étudiées. Résultat : en cinq ans, sa société, Omnicom, fait son trou auprès des entreprises en leur proposant des tarifs téléphoniques discount. Fin 1998, il la vend à l'américain GTS et empoche plus de 800 millions de francs !

Même mélange de flair et de débrouillardise pour Jean-Daniel Beurnier. Ce Marseillais fait mille métiers : il vend des jeux vidéo, de la téléphonie gadget, de la micro-informatique. Puis un jour, bien avant les autres, il comprend que le téléphone portable grand public va décoller : il fonde sa chaîne de magasins spécialisés (Phone House).

En fait, le seul dilemme qui semble se poser à ces jeunes chefs d'entreprise, c'est la sortie. Faut-il vendre et partir pêcher le thon aux Bahamas ? Ne vaut-il pas mieux introduire en Bourse une partie du capital et continuer à diriger l'entreprise ?

Certains, comme Patrick Robin et Piert Bert, n'ont pas hésité longtemps. Les deux créateurs d'Imaginet, un fournisseur d'accès à Internet créé en 1995, ont cédé respectivement 65 % et 35 % du capital à la filiale française du groupe de télécommunications américain Colt. Ils ont reçu en échange l'équivalent de 120 millions de francs en actions Colt, revendues en partie le jour même.

C'est aussi le choix du plus Californien des chefs d'entreprise français, Philippe Kahn. Il a même réalisé un exploit : vendre deux fois. Installé en Californie depuis 1982, il y a d'abord fondé l'éditeur de logiciels Borland, puis l'a cédé pour plusieurs milliards de francs. Il a ensuite créé une seconde société, Starfish Software, avant de la revendre à l'américain Motorola pour l'équivalent de 4 milliards de francs.

D'autres ont jugé plus judicieux d'ouvrir une partie de leur capital au public : un bon moyen d'obtenir le beurre (conserver le pouvoir) et l'argent du beurre (un gros chèque). En mai 1998, Jacques Tordjman a introduit sur le second marché la société de services GFI Informatique. Environ 26 % des titres ont été mis en vente, cédés en partie par des actionnaires historiques. Jacques Tordjman a alors empoché une douzaine de millions de francs, mais il est resté l'un des principaux actionnaires, avec plus d'un dixième d'une société qui capitalise près de 3 milliards de francs. La recette est bonne. Elle a également été suivie par Bernard Leng. Le 8 juillet 1998, il a introduit au marché libre de la Bourse de Paris environ 18 % du capital de Team Partner Group, la société d'ingénierie informatique qu'il avait fondée en 1990. Il a empoché environ 8 millions de francs en vendant une partie de ses titres à l'introduction, et conserve encore trois quarts du capital, valorisés à un peu plus de 330 millions de francs.

Certains ont même réussi un véritable tour de force : introduire en Bourse une société qui perd des millions, la faire valoriser à 1 milliard de francs et rester à sa tête. C'est l'exploit de Jean-Michel Lamure, créateur de SoiTec et encore propriétaire de plus d'un dixième du capital. La PME grenobloise développe un procédé alternatif de fabrication de puces. Elle rapportera des millions dans deux ou trois ans, mais pour le moment elle affiche 74 millions de francs de pertes pour un chiffre d'affaires de... 48 millions !

Les « vieilles » fortunes, entendez celles qui se sont constituées... il y a plus de dix ans, n'ont participé que de loin à ce formidable bouillonnement. Du coup, les progressions y sont moins spectaculaires.

Liliane bettencourt, femme la plus riche d'Europe après la reine d'Angleterre, n'échappe pas à la règle. Entre 1997 et 1998, sa fortune avait fait un bond de 45 %. Cette année, elle n'a augmenté « que » de 10 %. Ce qui fait tout de même une bonne douzaine de milliards de francs.

L'époque est à la rationalisation et profite surtout aux méthodiques.

La fortune de Bernard Arnault (LVMH), passée de 18 à 67 milliards de francs en quatre ans, doit en partie sa progression au rachat systématique des holdings intermédiaires qui avaient assuré à sa famille la mainmise sur le géant du luxe. Aujourd'hui, il contrôle presque la moitié de son capital et a dû demander aux autorités boursières une dérogation pour ne pas être obligé de lancer une OPA sur le groupe.

Les fortunes nées pendant les Trente Glorieuses n'ont pas échappé à cette concentration. Sur les vingt-cinq « rois des Caddie » que nous recensions en 1996, seule une douzaine (les Mulliez, les Defforey...) sont encore aux manettes. Les autres ? Rachetées, avalées jusqu'à disparaître dans le quatuor de mégagroupes que sont Carrefour, Auchan, Promodès et Casino. Retournés à l'anonymat, les Toulouse, les Deroy et les Dian, créateurs de l'enseigne Docks de France. Disparus, les Catteau, croqués par le britannique Tesco.

Dilués, les Plassard et Gouloumés, fondateurs de Comptoirs modernes, une enseigne passée, comme beaucoup, dans le giron de Carrefour. En sursis, les familles Bouriez (Cora), Beau (Guyenne et Gascogne) et Arlaud (Hyparlo)...

La distribution spécialisée (bricolage, papeterie, etc.) n'a pas échappé au phénomène. Les Dubois, créateurs de Castorama, ont ainsi cédé, en trois ans, l'essentiel de leurs pouvoirs à Kingfisher, déjà repreneur, auprès de la famille Venturini, des magasins de meubles But. Et François Pinault, principal actionnaire de Pinault-Printemps-Redoute, a versé plusieurs milliards de francs aux Guilbert pour racheter leurs parts dans le groupe familial de distribution d'articles de bureau.

Dans ces mariages d'argent, c'est souvent la Corbeille qui a scellé les épousailles. Comment reprocher aux actionnaires, même familiaux, de fondre devant un chèque qui représente jusqu'à cinquante années de dividendes ? Plus la famille s'élargit, plus les générations diluent le capital, et plus le risque de voir l'un des actionnaires familiaux vendre sa part s'accroît. C'est en convaincant une partie des héritiers que Bernard Arnault a réussi à faire main basse sur les vignes de Château d'Yquem. C'est aussi en jouant de ces rivalités dynastiques que Jacques Defforey, de Carrefour, a réussi à entrer dans Cora (famille Bouriez). Elisabeth Badinter et sa soeur Michèle Bleustein-Blanchet, héritières de leur père Marcel, créateur du groupe de publicité Publicis, se sont entre-déchirées pendant des mois jusqu'à ce qu'un accord au «finish» ne concilie les intérêts de la branche vendeuse (Michèle) et ceux de la branche patrimoniale (Elisabeth). Jean-Louis Dumas, le patron d'Hermès, est bien conscient de ce danger : «Notre patrimoine est réparti entre les descendants de Thierry Hermès, le fondateur du groupe, soit environ soixante personnes des cinquième et sixième générations, et au moins quarante de la septième génération.» Détentrice de 71 % du numéro un français des produits de contraste radiographique, la famille Guerbet en a même fait un argument pour... disparaître de notre classement : «Vous ne tenez pas suffisamment compte de la décote que crée un actionnariat familial trop dispersé.» La famille est composée de dix frères et soeurs et d'une quarantaine de descendants directs. Du coup, elle estime ainsi son patrimoine professionnel à une trentaine de millions, alors que la participation familiale est valorisée sur le marché boursier à plus de 200 millions de francs ! Cette année, sur la quarantaine de gros «deals» (lire page 105) que nous avons enregistrés, la plupart étaient liés au passage de flambeau et à l'héritage. «Ma décision est le résultat d'une péréquation entre l'âge du capitaine et l'opportunité du marché», confirmait en décembre dernier le pionnier du transport express en France, Roger Caille (64 ans), qui a vendu Jet Services au néerlandais TNT Post. Ce Lyonnais, qui refuse de nous confirmer le montant de la transaction, n'a pas eu de chance : l'acheteur, moins discret, a lâché le morceau. 2 milliards de francs. Devenu véritablement « riche » par la réalisation d'un patrimoine qui n'était jusqu'alors que virtuel, Roger Caille, comme beaucoup d'autres familles, disparaît de notre palmarès. Ont également disparu de notre classement les grandes dynasties industrielles du siècle précédent. Les Darblay, les Deutsche de la Meurthe ou encore les Vuitton, avalés au milieu de la présente décennie par LVMH, figuraient il y a encore quelques années dans tous les palmarès. Ce n'est plus le cas. La famille Wendel est la seule à avoir traversé le siècle sans encombre. Car le destin des Glotin, fondateurs en 1755 du fabricant de liqueurs Marie-Brizard et naguère crédités de 350 millions de francs de fortune professionnelle, est scellé. La famille, membre du très select Club des Hénokiens ­ association d'entreprises dirigées depuis plus de deux siècles par leurs créateurs ­, où elle côtoie d'autres grandes marques familiales européennes comme les armuriers italiens Beretta, vient d'être débarquée de son entreprise par des financiers lassés de ses contre-performances. Au point que Paul Glotin, l'ex-président du groupe, en est désormais réduit à faire un procès à Marie-Brizard pour faire valoir ses droits de... salarié. Et que sa famille figure à la toute dernière place de notre classement des 500 fortunes ! Tout un symbole. Eric Tréguier

Le classement en chiffres

799 milliards de francs : c'est la fortune cumulée des riches de notre Top-500.
393 milliards de francs : c'est le montant total des fortunes des quinze premiers. Presque autant que les 485 suivants ! 71 milliards de francs : c'est la fortune de Liliane bettencourt, femme la plus riche de France et deuxième richesse d'Europe après la reine d'Angleterre. 71 milliards de francs (bis) : c'est la fortune cumulée des riches compris... entre la 226e et la 500e place, qui possèdent autant que Liliane bettencourt à elle seule. 59 milliards de francs : c'est l'accroissement de la fortune des 500 riches de notre classement en 1999. 141 millions de francs : c'est la FMIC (fortune minimale d'insertion dans le classement).