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Les programmes du primaire sont recentrés sur la maîtrise du français

• LE MONDE | 02.10.01 | 12h06

Tous les enseignants sont appelés, ces jours-ci, à se prononcer sur le projet du ministère, qui sera appliqué à la rentrée 2002. L'apprentissage de la langue, orale ou écrite, n'a plus d'horaire spécifique, mais sera abordé à travers la littérature, l'histoire, la musique ou les sciences.

 

A la rentrée 2002, les élèves des écoles maternelles et primaires disposeront de nouveaux programmes scolaires. Conformément au nouveau mode d'élaboration des programmes mis en place par Jack Lang (Le Monde du 30 novembre 2000), tous les enseignants du premier degré sont appelés ces jours-ci à se prononcer sur le projet que le groupe d'experts présidé par l'historien Philippe Joutard a finalisé fin août.

Plus clairs et plus précis que les précédents, qui datent de 1995, ces programmes conservent l'organisation par cycle de trois ans, instaurée par la loi d'orientation de juillet 1989 – la grande section de maternelle, année charnière, est incluse à la fin du cycle 1 et en début de cycle 2. Après une introduction générale, chaque domaine est détaillé : objectifs, programme et "compétences devant être acquises en fin de cycle". Pour la première fois, une fourchette horaire hebdomadaire est précisée, laissant cependant "une plage de liberté" : on pourra faire beaucoup de sciences pendant une classe verte et moins le reste de l'année.

D'une manière générale, la maîtrise de la langue, orale ou écrite, demeure l'objectif numéro un. L'innovation principale se situe dans la manière d'approfondir le français : il n'a plus de volume horaire "spécifique", mais il est abordé à travers toutes les disciplines. Les nouvelles technologies ont par ailleurs une place bien affirmée. Enfin, le lien avec les parents est plus développé : le projet mentionne "la nécessaire coéducation qu'école et famille ne doivent cesser de construire".

École maternelle (cycle 1)

Elle est "d'abord l'école de la parole". Le langage devient le premier des domaines d'activité, avant "vivre ensemble" (c'était l'inverse depuis 1995). L'objectif est donc que "chaque enfant puisse être sollicité personnellement à de nombreuses reprises dans la journée". A ce titre, le texte préconise un "mélange des âges" dans les classes, qui favorise "l'interactivité entre les petits et les grands". Si la "découverte du code écrit" reste un objectif important, l'apprentissage de l'alphabet ou les exercices d'épellation sont proscrits. Le clavier d'ordinateur peut être utilisé. La place du jeu et des activités centrées sur du vécu sont plus affirmées qu'en 1995. L'éveil de l'enfant n'est plus structuré autour des seules activités pédagogiques : "L'accueil, les récréations, les temps de repos et de sieste, de goûter (…) sont des temps d'éducation." Enfin, le "besoin de mouvement" est affirmé et une activité motrice doit "impérativement" être proposée tous les jours. L'"apprentissage" d'une langue "étrangère ou régionale" en grande section fait son apparition.
Le "dépistage des difficultés" est évoqué. L'identification de problèmes spécifiques comme la dyslexie doit être abordée avec circonspection : "A cet âge, il ne peut s'agir d'un diagnostic, qui ne peut être porté qu'après la phase d'apprentissage de la lecture (à la fin du CE1)."

Grande section, CP, CE1 (cycle 2)

La pédagogie reste proche de celle de l'école maternelle. L'élève doit apprendre par le plaisir et par le jeu. "Les enseignements sont encore organisés en grands domaines d'activités plutôt qu'en champs disciplinaires." Comme pour le cycle 1, on trouve donc évoquée en premier la "maîtrise du langage" (9 à 10 heures par semaine). Vocabulaire, orthographe et grammaire ne sont plus des domaines d'activités spécifiques. La pratique orale est plus développée. Vient ensuite le chapitre "vivre ensemble" : une heure par quinzaine doit être réservée à un débat (idem au cycle suivant), mais l'apprentissage de la vie collective s'effectue à travers toutes les autres activités. Il est "encore prématuré de parler d'instruction civique". Les règles de sécurité routière et de respect de l'environnement sont évoquées. Le rôle de l'enseignant lors de ces années clés est plus fortement souligné : "Le regard positif sur l'enfant en voie d'apprentissage est la règle impérative."

CE2, CM1et CM2 (cycle 3)

C'est le cycle où les changements sont les plus importants. Apparaissent deux "domaines transversaux", sans horaires propres mais abordés à travers toutes les autres disciplines : la maîtrise du langage oral et écrit, "priorité des priorités", et l'instruction civique. Pour guider l'enseignant, une fiche indique pour chaque discipline les moyens de faire "parler", "lire" et "écrire".

La "littérature" est introduite afin de constituer une "culture commune". Il est recommandé aux enseignants de faire lire, pendant les trois ans du cycle, un ouvrage par mois (au total, chaque année, deux classiques et huit romans de littérature de jeunesse), choisi parmi une liste établie par le ministère. L'étude de la grammaire, de l'orthographe et de la conjugaison intervient lors de "l'observation réfléchie de la langue".
Évitant les "exercices répétitifs", elle se fonde sur "l'examen de productions écrites" et doit être un "moment de découverte". L'apprentissage d'une langue étrangère (2 heures à 2 heures et demie par semaine) doit permettre, en fin de CM2, à chaque enfant de savoir notamment "décrire son lieu d'habitation et les gens qu'il connaît", de "poser des questions simples sur des sujets familiers" et d'"écrire une courte carte postale ou de remplir un questionnaire d'identité extrêmement simple".

Le programme d'histoire (entre 3 heures et 3 heures et demie hebdomadaires) est découpé en six périodes, de la Préhistoire au "monde actuel". Les indications concernant la méthode sont fortes : "Chaque séance (d'histoire ou de géographie) se termine par l'écriture collective, et progressivement plus individualisée, d'un résumé." Celui-ci est consigné dans un "cahier unique" (le même pendant les trois ans), destiné au professeur d'histoire-géographie de sixième.

Les mathématiques (5 heures à 5 heures et demie) sont centrées sur "la résolution de problèmes". Côté calcul posé, la division ne devra être effectuée qu'avec des nombres entiers. Les "sciences expérimentales et technologie" (2 heures et demie à 3 heures) comprennent désormais des matières nouvelles : l'informatique (avec notamment le brevet d'informatique et d'Internet dit "B2i") et l'environnement. Elles doivent se fonder essentiellement sur "l'observation" et le questionnement.

Enfin, chaque semaine, trois heures sont réservées à l'éducation physique et sportive, et autant à l'éducation artistique, qui s'enrichit d'un chapitre "arts visuels" (cinéma, vidéo, design, architecture, paysage).

Sur tous ces points, les consultations des enseignants devraient être achevées dans les jours qui viennent. Les synthèses départementales devaient être adressées au ministère avant la fin octobre, mais le SIEN-UNSA, syndicat majoritaire des inspecteurs de l'éducation nationale, appelle à ne pas les rédiger pour protester contre une "revalorisation financière non conforme aux engagements" du ministère. Faute d'accord avant le 23 octobre, les "documents bruts" émanant de chaque école seront déposés Rue de Grenelle.

M.-L. P.