Jack Lang aux recteurs : soyez contre les théologues et pour les dictées
29.08.01
"touchons du bois" : Jack Lang veut croire en sa bonne étoile et dans une rentrée scolaire impeccable. Il l'a répété solennellement, mardi 28 août, devant la conférence des recteurs, réunie au ministère de l'éducation nationale à quelques jours de la reprise des cours prévue pour le 5 septembre. Devant les recteurs, les directeurs de l'administration centrale, une partie de son cabinet et Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement professionnel, le ministre de l'éducation a donc répété ses ultimes consignes.
"D'expérience, une rentrée réussie, c'est à la fois une rentrée techniquement maîtrisée et politiquement expliquée", a lancé en préalable Jack Lang. Aux recteurs, la technique. A lui, la politique. Car cette rentrée est capitale. A quelques mois des élections, tout incident technique serait dommageable. Il faut donc éviter à tout prix que des élèves se retrouvent sans affectation. L'image de "collégiens errants", restés sans proposition, est "inacceptable". L'idée d'avoir des classes sans professeur l'est tout autant. "Anticipons ces difficultés", a exhorté le ministre. "Agissez aujourd'hui plutôt que demain", a-t-il martelé. Tous les postes d'enseignant devront donc être pourvus à la rentrée. Et le cas échéant, très probable au demeurant, il ne faudra surtout pas attendre pour faire appel à des "maîtres"reçus sur liste complémentaire pour pallier les absences d'enseignants dans le primaire. Ou recourir à des professeurs contractuels dans le secondaire.
La partie technique assurée, reste "bien sûr" l'application des premières réformes, dix-sept mois après son arrivée rue de Grenelle. A l'école primaire, d'abord. "L'expression orale doit être une priorité. Dites-le de manière obsessionnelle. Et ne craignez pas d'être répétitifs : il faut faire et refaire des dictées, lire et écrire en permanence jusqu'au collège." La rentrée sera aussi l'occasion de lancer la généralisation de l'apprentissage des langues vivantes au CM1. Voire plus tôt, si possible. "Allez-y ! Expérimentez, si vous le pouvez, les langues dès le cours préparatoire ou la grande section maternelle."
Au collège, la nouvelle sixième, dite d'"intégration", sera mise en place à la rentrée. Certes, "la réforme n'est pas facile à expliquer en quelques mots". Mais son ambition doit être réaffirmée : assurer la transmission d'une "culture commune" à tous les élèves tout en favorisant "l'éclosion des talents".
Au lycée, enfin, le ministre poursuit l'application des réformes lancées en son temps par Claude Allègre. La rentrée verra notamment l'introduction des "travaux personnels encadrés" (TPE) en terminale. Et gare à ceux qui critiqueraient la décision de ne pas les rendre obligatoires au baccalauréat ! "Il y a toujours des théologues, rarement représentatifs, qui connaissent mal les lycéens et les enseignants et qui pensent, vu de leur bureau, qu'on peut imposer l'application des TPE." Décision "impossible", a-t-il affirmé aux recteurs. Plus tard, quand la phase de rentrée sera achevée, il restera à régler la question de la réduction du temps de travail. "Ce dossier m'inquiétait un peu il y a quelques mois. Je suis plutôt confiant aujourd'hui, assure-t-il. Touchons du bois."
Luc Bronner
