LeMonde.fr


Le coût de la rentrée scolaire sera en forte augmentation

LE MONDE | 20.08.01 | 11h41

Les frais de rentrée devraient augmenter de 4,3 %, selon l'enquête annuelle de la Confédération syndicale des familles (CSF), essentiellement du fait de la hausse du coût du papier. CSF et Familles de France demandent au gouvernement une modulation de l'allocation de rentrée en fonction de l'âge des enfants et du type d'études poursuivies.

Rude rentrée pour les familles : elles vont devoir dépenser plus pour financer la scolarité de leurs enfants. Les frais de rentrée subissent cette année un accroissement de 4,3 % en moyenne, selon l'enquête annuelle rendue publique lundi 20 août par la Confédération syndicale des familles (CSF). La tendance à la hausse est confirmée par une seconde étude, conduite par Familles de France, qui devrait annoncer, mardi 21 août, un chiffre légèrement supérieur. Cette forte augmentation rompt avec les années précédentes. En 2000, Familles de France et la CSF avaient estimé que l'accroissement serait limité à 1,3 %. En 1999, le coût pour les familles avait même diminué dans une fourchette allant de – 0,3 % à – 0,6 %, selon les estimations.

Cet accroissement découle essentiellement, d'après la CSF et Familles de France, d'une hausse importante du coût du papier, matière première de nombreuses fournitures scolaires. Entre août 2000 et avril 2001, le secteur de la papeterie scolaire a connu une très forte augmentation des prix : + 130 %, selon l'indice des prix à la consommation calculé par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les prix ont certes diminué depuis avril, mais sans retrouver le niveau des années antérieures. "La distribution a intégralement répercuté sur les consommateurs la hausse du prix du papier, ce qui représente un poids supplémentaire non négligeable dans les budgets des familles", constate la Confédération syndicale des familles. Les deux associations s'avouent incapables, en revanche, de distinguer un éventuel "effet euro" dans cette augmentation. "Nous ne pouvons ni valider ni infirmer l'hypothèse d'une hausse des prix due à l'anticipation par les commerçants du passage à l'euro", signale la CSF. Tout au plus, les enquêteurs de la Confédération, qui ont étudié des centaines d'articles dans toute la France, ont constaté que de nombreux prix avaient été fixés pour permettre une conversion simple d'ici le 1er janvier 2002, date de la mise en circulation de l'euro.

MODULATION DE L'AIDE

La publication de ces enquêtes, devenues traditionnelles avec les années mais qui font l'objet d'une discrète compétition médiatique entre les deux organisations, est l'occasion pour la CSF et Familles de France d'exiger un effort financier du gouvernement en direction des parents d'élèves. Chacune de leur côté, elles demandent la modulation de l'allocation de rentrée scolaire (ARS) – fixée à 1 600 francs en 2001 et réévaluée chaque année – en fonction de l'âge des enfants et du type d'études poursuivies. "Les frais de rentrée croissent avec l'âge des élèves et le caractère plus professionnel des études", souligne la CSF. Il faut compter en moyenne 578 francs pour un enfant de cours préparatoire, 1 963 francs pour un élève de sixième, 3 508 francs pour une seconde générale, et même 4 722 francs pour un élève de seconde technologie industrielle, selon les statistiques produites par la CSF à partir d'un panier moyen de fournitures.

Conséquence pour les familles : les dépenses scolaires représentent de 37 % à 135,5 % de leur budget pour le mois de septembre, en fonction de leurs revenus, du nombre d'enfants, de leur âge et du type de scolarité. "Cette modulation permettrait notamment d'aider plus fortement les familles qui scolarisent leurs enfants dans l'enseignement professionnel. Ce sont elles qui payent le plus aujourd'hui. Ce sont elles qui sont le plus souvent issues de milieux populaires", note la CSF en se satisfaisant néanmoins du doublement, à la rentrée, de la prime versée pour l'équipement des lycéens boursiers de l'enseignement professionnel (de 1 100 à 2 200 francs). Les deux associations appellent également le gouvernement à revoir le système des bourses, notamment au collège.

S'adressant plus directement, sur un mode pédagogique, aux enseignants et au ministère de l'éducation nationale, la CSF dénonce des listes de fournitures qui "s'allongent démesurément". Rappelant le principe de gratuité de l'enseignement, elle s'inquiète des demandes répétées, de la part des établissements scolaires, de participation aux frais de photocopie et l'appel régulier aux parents d'élèves pour financer les sorties à la piscine, les voyages collectifs, etc.

Leitmotiv des deux associations, le financement des activités pédagogiques doit relever de l'école et non des familles. Jack Lang et Ségolène Royal devraient revenir sur le thème de la gratuité de l'enseignement lors d'une conférence de presse conjointe, jeudi 23 août.

Luc Bronner


Le versement de l'allocation de rentrée scolaire anticipé d'une semaine

L'allocation de rentrée scolaire (ARS) a été débloquée lundi 20 août, à quinze jours de la rentrée scolaire officielle, et versée sur le compte des bénéficiaires, a annoncé la ministre déléguée à la famille et à l'enfance, Ségolène Royal. "Ce versement a été anticipé d'une semaine, à l'initiative de la ministre, afin de permettre aux parents de disposer de plus de temps pour comparer les prix et effectuer les achats de rentrée", a précisé un communiqué du ministère.

Dans ce texte, Ségolène Royal rappelle, d'autre part, que cette allocation a vu son montant quadrupler depuis 1997 grâce à des majorations exceptionnelles. Elle est désormais pérennisée au niveau le plus haut tandis que son montant est indexé sur le coût de la vie "afin de garantir le pouvoir d'achat des familles".

L'ARS, qui est versée par les Caisses d'allocations familiales à chaque enfant scolarisé de 6 à 18 ans, bénéficie à 3 millions de familles (5,7 millions d'enfants). Le montant total de ces prestations sociales est de plus de 9 milliards de francs.

(Avec AFP)