Ecole: les inégalités se creusent
Les communes pauvres sont les plus mal loties.

Libération - 29 août 2001 - Alain Auffray

Le fossé se creuse entre écoles riches et écoles pauvres. Selon le Syndicat national des instituteurs et professeurs des écoles (SNUipp-FSU, majoritaire dans le primaire), les inégalités se seraient aggravées depuis que les municipalités ne se contentent plus, comme la loi les y oblige, d'assurer la construction et l'entretien des écoles communales.

De fait, les maires sont de plus en plus souvent amenés à prendre en charge des dépenses relevant du fonctionnement pédagogique: ordinateurs, sorties, voyages ou encore salaire d'intervenants extérieurs chargés d'encadrer des activités artistiques.

Nicole Geneix, secrétaire générale du Snuipp, estime que «les écarts entre subventions vont de un à dix, la moyenne étant de quelque 250 francs (38,11 euros) par an et par enfant. Certains ne disposent que de 70 francs (10,67 euros), d'autres de plus de 700 francs (106,71 euros)». Le syndicat a annoncé hier le lancement d'une campagne de sensibilisation sur le sujet et appelle le gouvernement «à se saisir du problème». Tout en reconnaissant qu'elle ne prétendait pas apporter «la solution», Nicole Geneix a lancé hier deux propositions: «Peut-être faudrait-il fixer un minimum vital et instaurer un système de péréquation entre communes?»

Alors que les associations de parents d'élèves s'inquiètent du non-respect de la gratuité de l'école et du coût excessif de la rentrée, le Snuipp souligne que ces dérives ne relèvent pas de la responsabilité des maîtres et qu'elles sont souvent la conséquence d'un «non-respect de leurs obligations par les collectivités locales». Georges Dupon-Lahitte, président de la fédération de parents FCPE, n'est pas convaincu par ce raisonnement. Selon lui, les défaillances de certaines municipalités n'expliquent pas tout: «On connaît des endroits où la commune met beaucoup d'argent dans l'école et où, pour autant, les professeurs ne se privent pas de solliciter financièrement les familles. Notre combat pour la gratuité pose la question du fonctionnement de l'école.»

De son côté, le ministère réaffirme son attachement au «principe de gratuité de l'enseignement public».

Dans une circulaire du 30 mars 2001, l'Education nationale rappelait que «ce principe concerne les activités obligatoires d'enseignement et recouvre toutes les dépenses qui concourent à sa mise en œuvre».