Hermine de Clermont-Tonnerre,
assure Florence Belkacem dans VSD, n'a rien d'une héritière et mène
sa vie comme bon lui semble au sein de la jet-set. Hermine, elle, aime
par-dessus tout son chien Gaspard Icare Balthazar, avec qui elle fait
de la moto et du parapente. Il a déjà eu les oreilles et la queue teintes
en violet, raconte Bruno, son assistant. C'est désopilant ! Elle a horreur
des play-boys parce ce que ce qu'elle recherche, " c'est avant
tout l'échange intellectuel et la complicité ". Pour teindre un
chien en violet, ça aide. Elle figure régulièrement dans les carnets
mondains des magazines people, mais affirme ne rien connaître à l'histoire
des Clermont-Tonnerre, devenus ducs en 1571 sous le règne de Charles
IX. C'est une des figures de cette jet-set dont on parle et dont on
en fait des films. Futilité. Inutilité. Ce ne sont pas les riches mais
l'écume de la richesse. 1 000 personnes qui écument la planète, les
boîtes de nuit et les fêtes privées. Comme celle que donne chaque année
dans sa villa de Saint-Tropez le milliardaire américain Tony Murray,
avec 1 500 invités. Il faut en être. Il faudra être dans quelques jours
à la soirée à Ibiza de Cathy et David Guetta, propriétaires des Bains.
Il fallait être à celle donnée à Punta del Este en Uruguay par le milliardaire
brésilien Gilberto Scarpa, dont les centaines d'invités arrivés en jet
avaient voyagé en première classe aux frais de leur hôte pour découvrir
dans un château de cristal le défilé de jeunes gens d'une exceptionnelle
beauté choisis lors d'un casting mondial. Addition : 6 millions de dollars...
Le monde de la
jet-set se confond-il précisément avec l'univers des très (très) riches
? Oui et non. Non, parce qu'il rassemble aussi des stars des grands
et petits écrans, des sportifs, des fêtards professionnels et commensaux
perpétuels des tables bien garnies. Chacun connaît les noms de Massimo
Gargia, Emmanuel de Brantes. L'un et l'autre du reste se disputant le
même terrain...Les vrais riches en sont parfois. Le couturier Valentino
reçoit en permanence dans sa maison de Capri, son chalet de Gstaad,
son château en France, son hôtel particulier de Londres, son palais
ou sa villa de Rome, son yacht de soixante mètres.
Les vrais riches
toutefois ont tendance à préférer leurs propres fêtes, l'ombre des châteaux
du bordelais, les hôtels particuliers parisiens. Le Figaro Magazine
relatait voici peu l'anecdote des dix-huit ans d'Agathe, fille de Michel
David-Weill (Banque Lazard, 17e fortune française, 10 000 millions de
francs). Les trottoirs de toute une rue de Paris, fermée à la circulation
la veille, étaient le lendemain entièrement couverts des bouquets de
fleurs déposés par les domestiques qui avaient fait le ménage. Bernard
Arnault, piqué de musique et d'art, préfère faire venir Rostropovitch
pour des concerts privés dans son prestigieux château d'Yquem, racheté
à la famille Lur-Saluces. Il pense transférer le festival d'Evian dans
son autre propriété bordelaise de château Cheval-Blanc. Ceux-là se déplacent
en jet privé. Prix d'un Falcon, un classique, 100 millions de francs.
La compagnie Executive Jet, propriété de Warren Buffet, deuxième fortune
mondiale, vient de commander plus de 450 nouveaux appareils pour répondre
à la demande croissante de ses 1 600 clients. Coût pour un forfait de
cent heures de vol pour cinq ans : 42 millions de francs, plus 35 000
francs mensuels de frais d'entretien.
La richesse entretient
la forme. Lindsay Owen-Jones (PDG de L'Oréal) est un skieur de haut
niveau, il a terminé troisième des 24 Heures du Mans en 1996 sur une
McLaren et deux fois la Coupe Zegna dans la régate italienne de Portofino,
à bord de son voilier de vingt mètres. On chasse, en Sologne ou en Afrique,
on bronze, on pratique des sports avec en général des moniteurs particuliers.
On fait venir à domicile masseur, coiffeur, cuisiniers : compter pour
un dîner entre amis de 45 000 à 50 000 francs. On prend des leçons d'escrime,
des cours Internet à domicile (de 3 000 à 4 000 francs de l'heure).
On achète bien sûr des tableaux de maître. Des théâtres. François Pinault
a acquis le bail du théâtre Marigny à Paris. On sait qu'il va créer
sur les anciens terrains de Renault à Boulogne-Billancourt le premier
grand musée privé de France avec plus d'un millier d'ouvres. Pure générosité
? · voir, puisque, selon certaines sources, les subtilités de la fiscalité
de haut vol pourraient peut-être lui permettre de réaliser en fait des
économies. Hubert Martigny (Altran Technologies, 44e français, 4 381
millions de francs) a acheté la salle Pleyel 40 millions. C'était une
histoire d'amour, car c'est dans cette même salle qu'il avait rencontré
son épouse, chef d'orchestre. Il est heureux que l'argent soit allé
aux gens de goût... Un témoin raconte avoir trouvé dans une villa regorgeant
d'ouvres d'art quatre dessins de Picasso installés dans les toilettes...
Les sociologues
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont consacré plusieurs ouvrages
à la richesse et à ses codes : " Les nouveaux milliardaires ne
rêvent que de s'acheter un vignoble, un château, des forêts, des ouvres
d'art... comme s'ils voulaient donner des racines profondes, culturelles
et sociales à leur réussite financière. "
Òtre riche s'apprend.
Il y a pour cela les lycées de prestige, les meilleures écoles, les
" summer camps " aux Etats-Unis, à Paris l'Ecole alsacienne,
près de Lausanne l'école Beau-Soleil (300 000 francs par an). Les études
brillantes, la culture fréquentée très tôt, la pratique des sports sont
un dû. L'échec est un drame, un camouflet menant parfois au suicide.
Enfin, le mauvais goût n'est jamais totalement écarté. Eviter de s'acheter
par exemple une montre de plongée Chopard en rubis saphir et caoutchouc
pour 80 000 francs. En particulier si on ne plonge pas et surtout, surtout
ne dites pas : " dans mon château "...On dit : " à la
maison ".
Reste le vrai
mystère des riches. Comment le devient-on ? Des fortunes s'accroissent.
Certaines réussites spectaculaires ont surgi du néant. Il faut cependant,
de manière générale, une mise de départ. Comment êtes-vous devenu milliardaire,
demandait-on un jour à un très riche Américain. " Eh bien, c'est
simple, j'ai trouvé une pomme dans la rue, je l'ai nettoyée fait briller
et je l'ai vendue... Alors ? Avec ça j'ai acheté deux pommes, j'ai fait
la même chose et j'ai pu acheter un panier de pommes...Oui, alors ?...
Eh bien j'ai nettoyé les pommes je les ai fait briller et j'ai reçu
à ce moment le télégramme m'annonçant que j'héritais de mon grand-père...
"
M. U.
04 Août 2001
FORTUNES
Au
hasard des classements
Ernest-Antoine
Seillière. Le patron du MEDEF a illustré sa conception de la refondation
sociale dans l'affaire AOM-Air Liberté, dont il est le principal actionnaire,
en s'en lavant les mains. Avec la famille Wendel il est quarantième
du classement français : 4 795 millions de francs.
Silvio Berlusconi.
Le premier ministre italien a illustré à Gênes ses conceptions démocratiques.
Au contrôle quasi total de la presse et des télés, il ajoute la politique
des grenades lacrymogènes et des coups de feu. C'est le premier Italien
du classement mondial , 29e de la liste, avec 10,3 milliards de dollars.
Isidore Partouche.
Que l'on perde ou que l'on gagne à la roulette ou devant les machines
à sous, c'est toujours lui qui rafle la mise. Propriétaire de 25 casinos
et de 12 hôtels, il est avec sa famille 80e du classement mondial, avec
2 030 millions de francs.
Philippe Foriel
Destezet. Le fondateur de l'agence d'intérim Ecco, puis créateur d'Adecco,
leader mondial du travail temporaire, n'a pas à redouter la précarité,
mais préfère l'Angleterre pour sa sécurité fiscale. 138e mondial, il
est à l'abri avec 3,2 milliards de dollars.
Famille Peugeot.
Ça roule pour les héritiers très discrets, qui possèdent toujours près
d'un quart du capital de PSA. Ils sont neuvièmes du classement français,
avec 21 038 millions de francs.
Richard Branson.
Le patron de Virgin a perdu 1,5 milliard de dollars l'an passé. Sa compagnie
aérienne bat de l'aile, mais il continue ses balades en montgolfière.
Les tarifs de sa compagnie ferroviaire sont deux fois plus chers que
les autres, mais ses trains arrivent quand même en retard. Il est 272e
mondial, avec 1,8 milliard de dollars.
Serge Dassault.
Les profits des Mirage ne sont pas virtuels et l'aéronautique a des
ailes. Il est avec sa famille 75e mondial avec 5 milliards de dollars.
Alain Afflelou.
Il n'est pas fou, Afflelou. Ses lunettes sont pratiques, pas chères,
mais rapportent gros. Il passe de la 283e place au classement français
à la 258e avec 500 millions de francs.
Jerry Yang. Le
cofondateur de Yahoo n'en est pas le patron et a perdu 82 % en un an
avec la chute de ses cours en Bourse. · trente-deux ans, il est cependant
le deuxième plus jeune milliardaire du classement mondial, au 490e rang,
avec 1 milliard de dollars.
Pierre Bellon.
Avec la Sodexho, il est en hausse de 40 %. · la cantine, le rapport
qualité/prix est plutôt stagnant. Avec sa famille, il est 16e du classement
français, avec 11 013 millions de francs.
Serge Kampf.
Fondateur de la société de services Cap Gemini Sogeti. Il est l'auteur
de ce slogan à usage de son entreprise : " Il faut déstabiliser
les hommes pour leur apprendre à se dépasser. " 29e du classement
français avec 6 067 millions de francs, il n'est pas déstabilisé.
François Michelin.
La vague de suppression d'emplois d'il y a deux ans n'a pas dégonflé
le numéro deux mondial du pneu. Avec sa famille, il gagne trois places
au classement français et est 19e avec 9 483 millions de francs.

04 Août 2001
FORTUNES
Le
hit-parade des milliardaires
Economie
Le Nouvel Economiste publie la liste des 500 premières fortunes mondiales.
Challenge celle des 500 premières fortunes françaises. Informations.
Depuis le premier
classement des fortunes françaises établi par le magazine Challenge
en 1996, la fortune de Liliane Bettencourt a progressé de 164 %. Celle
de Bernard Arnault de 340 %, celle de François Pinault de 625 %. La
famille Bouygues gagne 481 %, la famille Peugeot 219 %, la famille Mulliez
(Auchan) 102 %.
Nonobstant la
vanité des choses de ce monde, on se faisait un peu de mauvais sang
à voir le Nasdaq, le Dow Jones, le CAC 40 ou le Nikkei jouer au Space
Moutain ou au train fou de la mine façon Dysneyland. Chutes vertigineuses,
rebonds temporaires, nouveaux niagaras. Avec tout ça, les vilaines nouvelles
d'une économie américaine au taux de croissance en stagnation. Licenciements
par paquets de 10 000, 40 000 annoncés en un seul jour à la mi-juillet,
fermetures de sites par dizaines. Où en sont, non pas les riches - considérés
comme tels par les Français à partir de 50 000 francs par mois - mais
les très riches ? Le classement mondial des grandes fortunes établi
chaque année aux Etats-Unis par le magazine Forbes et repris en France
par le Nouvel Economiste, comme le classement des 500 plus grandes fortunes
professionnelles françaises établi chaque année par Challenge sont tombés.
Les très riches le sont toujours et même plus. 538 personnes dans le
monde possèdent une fortune supérieure à un milliard de dollars (7,5
milliards de francs), pour un total de 1 730 milliards de dollars supérieur
au produit intérieur brut de la France. 271 milliardaires de la liste
Forbes sont américains, comme huit des dix premiers de la liste. 46
Américains ont cependant disparu de la liste de l'an passé ainsi que
43 noms d'autres pays avec, il est, vrai certains effondrements spectaculaires
liés aux valeurs technologiques, notamment au Japon. Masayoshi Son,
Yasumutis Shigeta : maillons faibles ! Sortis !
En tête du classement,
l'inusable Bill Gates. Il a un peu souffert de quelques péripéties affectant
Microsoft (au fait, où en est le partage annoncé du groupe pour fait
de monopole ?) en perdant 1,3 milliard de dollars. Il est toujours à
la tête de 58,7 milliards. Le cas de son ami Warren Buffett est intéressant.
Deuxième de la liste avec 32,3 milliards pour sa participation personnelle
aux opérations de placement de sa société Berkshire Hathaway, il déclarait
lors de l'assemblée générale de son groupe, en appelant non sans humour
ses actionnaires à se calmer : " Nous nous sommes jetés dans le
XXIe siècle en investissant dans des industries aussi pointues que la
brique, les tapis et la peinture. " · noter également le cas -
une curiosité génétique ? - de la famille Walton avec le groupe Wal-Mart
(distribution). Jim, John, Robson et Alice et Helen occupent de la septième
à la dixième place (ex-aequo pour les deux dernières) avec chacun(e)
de 18,8 à 18,5 milliards.
Et que font nos
nationaux ? La discrète Liliane Bettencourt, madame L'Oréal, est quinzième
avec 15,6 milliards - " parce qu'elle le vaut bien " - et
précède les deux duettistes Bernard Arnault (LVMH, 10,7 milliards, 26e)
et François Pinault (PPR, 6,3 milliards, 47e).
Le tiercé national
gagnant se retrouve bien sûr en tête du classement de Challenge. Lequel
apporte en outre diverses précisions. Depuis le premier classement des
fortunes françaises établi par le magazine en 1996, la fortune de Liliane
Bettencourt a progressé de 164 %, celle de Bernard Arnault de 340 %,
celle de François Pinault de 625 %. La famille Bouygues gagne 481 %,
la famille Peugeot 219 %, la famille Mulliez (Auchan) 102 %.
Du coup, Challenge
se prend pour l'Humanité de 1936 : " Et tout cela pour dire quoi
? Simplement que nos milliardaires se portent bien, merci. " Sans
doute faudrait-il rassurer Laurent Fabius, dont on sait qu'il s'inquiète
beaucoup de " l'attractivité de la France " en raison des
contraintes pesant sur les grands groupes et sur les grandes fortunes.
Cela dit, tout
n'est pas rose et le repli, réel, des valeurs technologiques a fait
reculer la fortune cumulée des 500 gagnants, de 1 259 milliards de francs
à 1 163 milliards. Ainsi Bernard Arnault, qui avait en 2000 pris la
pole position à Liliane Bettencourt, se retrouve-t-il deuxième. Ainsi
la famille Dassault perd-elle 9 milliards de francs à cause de Dassault
Systèmes. Il en reste 33 à Serge Dassault. Repli donc, sauf que l'explosion
de la high-tech avait porté, en 2000, les fortunes françaises cumulées
à un niveau jamais atteint. Le total n'était que de 800 milliards de
francs en 1999.
Reste, écrit
le magazine, qu'en France " la roue de la fortune tourne à plein
régime. Les riches sont de plus en plus riches. Mais ils sont également
de plus en plus nombreux. Un signe parmi d'autres : en 1996, pour établir
notre classement, nous disposions d'une liste de 600 candidats. Aujourd'hui,
il nous faut trier parmi 4 000 éligibles et l'affinement de notre outil
de recherche n'explique pas tout. (...) Qu'est-ce qu'un riche ? Selon
l'administration fiscale, un contribuable peut prétendre à ce titre
à partir de 4,7 millions de francs de patrimoine professionnel et personnel,
seuil de déclenchement de l'impôt sur la fortune. Mesuré à cette aune,
le nombre de riches a quasiment doublé depuis la création de l'ISF,
en 1982, passant de 117 000 à 212 000, et ce malgré les relèvement successifs
- cette année exceptée - de la tranche d'imposition ".
Les riches sont-ils
égaux ? Oh que non ! Les dix premiers détiennent à eux seuls 50 % de
la richesse cumulée des 500 du classement. De fait, le dernier, Didier
Cazeaux, des chantiers navals Guy Couach, se traîne en queue de peloton
avec 200 millions de francs en construisant des yachts géants de 45
mètres. Il est en baisse, mais les effectifs de l'entreprise sont passés
de 130 à 300 personnes. Maillon faible ? · voir. La famille Lacoste,
avec 280 millions de francs, va-t-elle se retrouver sans chemise ? Non,
car elle est en hausse avec un résultat net en 1999 qui frôlait les
80 millions. La vache folle a frappé Jean-Paul Bucher (Restauration
Groupe Flo, Hippopotamus). Il perd un tiers de sa fortune et se retrouve
à la 399e place avec 296 millions. Univers impitoyable.
Mais qu'en est-il
de nos amis les golden boys (and girls) d'Internet qui ont joué un max
sur le boom. Paysage contrasté après (?) la bataille. En 2000, ils étaient
une centaine à entrer dans le classement. Nombre d'entre eux sont sortis.
Une trentaine d'autres sont entrés, mais au total le nombre de milliardaires
issus de la Net-économie figurant dans le classement de Challenge a
crû de 400 % depuis 1996. Ceux de l'agroalimentaire de 175 %, ceux des
services et de la distribution de 60 %. Ceux de l'industrie lourde et
du PTP de 11 % seulement. Ceux de la pharmacie-chimie-cosmétiques vont
leur train, en hausse de 33 %.
Où sont-ils ?
274 fortunes du classement sont en ×le-de-France, 54 en Rhône-Alpes,
27 en Aquitaine (les grands crus bordelais tiennent la route), 23 en
Nord-Pas-de-Calais, 22 en PACA... Ils sont deux en Basse-Normandie.
Et les disparus
? Il y a Nicolas Gaume, jeux vidéo, passé de 912 millions de francs
à 48 millions ; Michel Meyer, Multimania, de 674 millions à 35 ; Bernard
Ochs, NetValue, de 111 à 8 ; Eric et Hervé Caen, Titus Interactive,
de un milliard à 65 millions...Misère, misère. " La soif du riche
ne le laisse par dormir ", ainsi nous faut-il le secours de la
Bible : " Un piquet s'enfonce entre deux pierres jointes. Entre
vente et achat, une faute s'introduit " (Ecclésiastique, 27-8).
Maurice
Ulrich

04 Août 2001
FORTUNES
Les
riches qui perdent
Les très riches
se portent de mieux en mieux, mais leur bonne santé masque des disparités
à ne pas omettre. Sur les douze derniers mois, les chutes incontrôlées
des plus hauts sommets de la fortune vers un patrimoine moins confortable
se sont multipliées. La chance ne semble pas avoir souri à toutes les
plus grands portefeuilles nationaux et planétaires.
La crise récente
des nouvelles technologies fait figure de gros point noir. L'année dernière,
plus de cent directeurs de start-up entraient dans le classement des
cinq cents plus grosses fortunes françaises. Menacés par la stagnation
boursière de la valeur des actions de ces nouvelles oasis du profit,
bon nombre d'investisseurs n'ont pas pris le risque de se jeter à l'eau
sans bouée de sauvetage. Les premières conséquences n'ont pas tardé
à se faire sentir et les exemples ne manquent pas pour orner le comptoir
des grands déchus. En l'espace d'un an, la fortune de Thierry Thévenet
est passée de 600 MF à 40 MF. Son cas est loin d'être atypique. Le PDG
de la Web Agency a vu son action flamber au cours des sept premiers
mois, sa valeur étant multipliée par 60. L'ascension fut fulgurante
et la chute vertigineuse. Sa fortune virtuelle est restée illusoire.
La nouvelle économie n'en demeure pas moins l'une des voies d'accès
les plus rapides au cercle fermé des 144 milliardaires français. Les
quinze " nouveaux très riches " issus de l'électronique peuvent
en témoigner.
Le même phénomène
est observable à l'étranger. Si Bill Gates est parvenu à garder sa couronne
d'homme le plus riche du monde grâce à une forte et inattendue reprise
du cours de son action, il fait figure d'exception. Tim Koogle de Yahoo
ou Jay Walker de Priceline.com ne portent plus le blason des milliardaires.
Le cas du Japonais Yasumitsu Shigeta n'étonne plus. Patron d'une entreprise
de téléphonie mobile, il était à la tête d'un empire estimé à 25 milliards
de dollars en 1999. Deux ans plus tard, il n'en possède plus que 360
millions.
Un autre aspect
peut également expliquer les pertes astronomiques d'anciens milliardaires.
Le poids du dollar affecte fortement les patrimoines composés de devises
non américaines qui donnent des signes de faiblesse. La dévaluation
du yen a partiellement facilité les sorties de 14 Japonais du classement
des 500 individus planétaires possédant au moins un milliard de dollars.
Quoi qu'il en soit et même si certains multimillionnaires voient fondre
leur fortune, ils demeurent, dans la grande majorité des cas, dans une
situation confortable. En 2000, deux membres du groupe Avenir Telecom,
Jérôme Borie et Robert Schiano, ont beau avoir subi une amputation à
95 % de leur fortune, ils restent les - heureux ? - propriétaires respectifs
de 209 et 325 millions de francs !
Maxence
Gorréguès
