Le revenu
des parents est un facteur plus important que le capital culturel
pour la réussite à l'école des enfants, selon l'enquête publiée
jeudi par l'INSEE dans la 4e édition de "France, portrait social".
"En
1997, 62% des enfants de 15 ans appartenant aux 20% des familles
les plus modestes sont en retard en troisième, contre seulement
17% des adolescents appartenant aux 20% des familles les plus
aisées", explique ainsi l'enquête qui ajoute que cette inégalité
est restée stable au cours des années 90.
Cette
analyse nuance les conclusions des travaux publiés jusqu'à présent
sur l'inégalité des chances à l'école qui s'intéressaient plutôt
à l'influence de la catégorie socioprofessionnelle sur les résultats
scolaires des enfants.
Or ce
paramètre ne peut être pleinement significatif puisqu'il mêle
notamment le revenu et le capital culturel (diplôme et expérience
professionnelle) des parents.
Le revenu
des parents n'est sans doute pas le seul facteur de réussite
scolaire, ni même peut-être le plus important mais son influence
"considérable" a été trop souvent négligée, estime l'étude.
"Du
point de vue des scolarités dans le primaire et au collège,
tout se passe comme si les enfants naissant dans les familles
appartenant aux 20% les plus riches partaient avec une à deux
années d'avance sur les enfants naissant dans les familles appartenant
aux 20% les plus pauvres", précise l'INSEE.
L'effet
des réformes
Sur la
base de ces résultats, l'enquête s'intéresse aux effets des
récentes réformes du système scolaire et notamment de celle
mise en place en septembre 1991 organisant le cycle des scolarités.
A partir
de cette date, les redoublements cessaient d'être possibles
à la fin de chaque année scolaire et ne devaient plus avoir
lieu qu'à la fin de cycles de 1, 2 ou 3 ans.
L'objectif
de cette réforme était de réduire la fréquence des redoublements
et leurs effets potentiellement stigmatisants mais aussi d'offrir
"les mêmes chances à chacun des élèves" (art. 1 du décret
du 6 septembre 1990).
Cette
réforme a bien atteint son objectif de diminuer les redoublements
mais pas celui de limiter l'inégalité devant l'échec scolaire,
selon l'INSEE.
L'étude
précise que "les générations nées après 1980, ayant connu
la réforme, redoublent beaucoup moins que leurs aînées, mais
cette baisse est autant perceptible chez les familles riches
que chez les familles défavorisées".
"La
réduction de l'inégalité des chances entre enfants passe sans
doute d'abord par une amélioration des conditions de vie matérielles
de ces enfants, avant d'être une question d'organisation du
système scolaire et de l'effort pédagogique", conclut l'étude,
en précisant que le débat sur les modalités d'une aide matérielle
(aides en nature spécifiques à l'éducation ou aide financière
indifférenciée) restait ouvert.