Le
nombre de nations vivant dans le dénuement le plus total, selon
les critères de l'ONU, a quasiment doublé en trente ans.
La
troisième conférence des Nations unies sur les pays les moins
avancés (PMA), qui vient de s'achever à Bruxelles, a montré
que tous ces pays ont fourni des efforts considérables pour
se conformer aux exigences des pays riches dans le cadre des
programmes du Fonds monétaire international.
Ils
ont dérégulé leur économie, privatisé leurs services publics.
Ils ont largement ouvert leurs marchés, remboursé plus de trois
fois leur dette sans pouvoir s'en dégager…
Lors
du Sommet social de 1995, les chefs d'États des pays du Nord
s'étaient engagés à éradiquer la pauvreté en vingt ans.
Certes,
quelques mesures ont été prises ou annoncées. Mais
elles n'ont qu'un caractère marginal.
Pour
ces pays, la remise de la dette est une condition essentielle.
Une
annulation de celle-ci créerait naturellement des flux financiers
par compensation. Il y a dix ans, personne n'était prêt à renégocier
la dette. Aujourd'hui,
c'est à l'ordre du jour.
Malheureusement
dans des conditions très limitées - tous les PMA n'en profitent
pas - et selon des procédures très lentes.
L'Union
européenne vient d'annoncer l'annulation des dettes subsistant
encore dans le cadre de la Convention de Lomé.
Les
efforts sont là, mais ils sont loin de répondre à la dimension
du problème.
La
mondialisation capitaliste est, dans le même temps, présentée
comme le remède miracle : Jacques Chirac, à l'instar de ses
homologues européens, propose un nouveau "cycle global" de libéralisation
dans le cadre de l'OMC qui devrait, affirme-t-il, s'accompagner
d'une "amélioration de la régulation du commerce international",
alors que les pays du Sud réclament, au contraire, un moratoire
de la dérégulation internationale.
La
mobilisation des fonds privés ne doit être que complémentaire
de la croissance de l'aide publique, notamment par l'imposition
d'une taxe sur les transactions financières internationales
dont le produit devrait être destiné à des fins de développement.
Les
marchés du Nord doivent s'ouvrir de manière préférentielle aux
PMA. L'annonce faite par l'UE d'ouvrir ses marchés à tous les
biens produits par les PMA, "sauf les armes" est encourageante.
On peut avoir l'accès au marché, mais si on n'est pas capable
de produire, d'avoir des produits à exporter, manifestement
cela ne sert à rien.
Lors
de la préparation de cette conférence, les dirigeants des PMA
ont insisté fortement sur la nécessité de recentrer des efforts
internationaux sur les infrastructures de développement.
Les
pays membres de l'OCDE ne doivent plus lier la contribution
au développement pour les PMA à des achats dans les pays donateurs.
L'ouverture
des marchés profite aujourd'hui essentiellement aux multinationales
du Nord qui ont réalisé quelques rares investissements ou sous-traité
des activités dans les pays pauvres.
Elles exploitent ainsi une main d'œuvre très bon marché sur
certains secteurs ciblés qui ne correspondent que très rarement
aux réels besoins de développement de ces pays.
Des
moyens sont à mettre à la disposition des États les plus pauvres
afin qu'ils puissent entamer un développement endogène, fondé
sur la création d'emplois, sur la formation et l'éducation.