Bénéfices décuplés
pour le raffinage français en 2000
Jeudi 03 mai 2001 - 18h10 heure de Paris PARIS
(AFP)
Le
secteur du raffinage-distribution français a quasiment décuplé
ses bénéfices en 2000, dopé par la forte demande américaine
en carburants qui a compensé un recul de la consommation en
France.
Le
raffinage-distribution français a dégagé en 2000 un résultat
après impôts de 6,7 milliards de francs (1,02 milliard EUR)
contre 0,7 milliard de francs en 1999 et des marges de raffinage
d'un "niveau exceptionnellement élevé", dépassant celles observées
pendant la guerre du Golfe, a relevé jeudi Philippe Trépant,
président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).
Flambée
brutale des cours du brut oblige, les Français ont pourtant
moins roulé et moins chauffé au fioul domestique leurs habitations,
entraînant un ralentissement de la consommation pétrolière l'an
dernier (-1,8%), pour la première fois depuis 7 ans, à 88 millions
de tonnes par an.
Et ce, malgré la croissance économique de 3,2% affichée par
l'Hexagone en 2000.
L'an
dernier, le prix moyen du baril s'est établi à 28,5 dollars,
contre 18 en 1999, avec des pointes à 35 dollars en septembre
2000. "Le recul de la consommation a touché l'ensemble des secteurs
à l'exception du transport aérien", a noté M. Trépant. La consommation
de fioul domestique a régressé de 6%. Les utilisateurs ont baissé
le thermostat et parié sur une chute des prix, un déstockage
confirmé par la hausse de 8% des achats de fioul au 1er trimestre
2001, souligne-t-il.
Le
grand gagnant a été le gaz naturel (+5,8%). L'envolée des marges
de raffinage résulte de la conjugaison de la forte demande américaine
en carburants, avec des stocks particulièrement bas, et des
restrictions de production des raffineries dues à l'introduction
de nouvelles normes sur les carburants aux Etats-Unis et en
Europe.
La
marge moyenne en France s'est élevée à 191 francs la tonne,
soit près du double de celle de 1996 à 1999, expliquant l'essentiel
de l'amélioration du résultat en 2000. Outre-Atlantique, la
mise en place, variable selon les Etats et les villes, des contraintes
environnementales sur les carburants a entraîné une mosaïque
de qualités de produits pétroliers, a expliqué M. Trépant.
Ces
divers "crus" non mélangeables ont paralysé la logistique et
retardé la constitution de stocks d'essence avant la saison
estivale. Cela a provoqué une flambée des prix sur les marchés
internationaux et un appel aux raffineries européennes pour
les essences reformulées ou les bases reformulables. Le phénomène
s'est reproduit avant l'hiver avec le fioul domestique et pourrait
se renouveler cette année.
Dans
le même temps, les raffineries françaises ont continué à surproduire
de l'essence et pas assez de gazole, tandis que le parc de véhicules
diesel augmentait pour atteindre 54% début 2001. La France a
exporté l'an dernier 3 millions de tonnes d'essences et importé
9 millions t de distillats (diesel et fioul domestique).
Ces
tensions sur les cours de l'essence et du gazole "ont aggravé
la volatilité des marges de distribution, qui demeurent néanmoins
très inférieures à la moyenne européenne", a-t-il assuré.
Les
stocks mondiaux utilisables sont tombés à 10 jours, contre 15
normalement, et les stocks américains d'essence à 200 millions
de barils, contre 220 à 230 habituellement.
C'est
pourquoi, estime M. Trépant, "tension et volatilité devraient
persister cette année" même si des inconnues demeurent : demande
mondiale de brut, futur niveau des stocks et fermeté de l'OPEP.